AVENT 2 A
« Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu »
(Mat 3, 1-12)
Notre préparation à Noël met bien des personnes sur notre route : Marie, Joseph, Zacharie, Elizabeth, Jean-Baptiste… Chacun, à leur manière, prépare la venue du Messie. Ils s’inscrivent dans l’Histoire Sainte, elle-même insérée dans l’Histoire universelle. De fait, la naissance du Christ est un événement historique, loin de toute mythologie ou de toute construction arbitraire. L’Écriture ne craint pas de rapporter les doutes, les problèmes, les manquements de ces personnages. Le Messie vient d’un Peuple précis, à un endroit précis et à un moment précis. Sa venue va bouleverser les schèmes de pensée, les habitudes et le confort religieux. Il renverse nos catégories pour nous mener vers la nouveauté d’un Dieu qui se révèle. Dans la lignée de la révélation de l’Ancien Testament, Dieu se révèle au-delà de notre imagination et se fait voir dans le concret de la vie. A Noël, il prendra notre chair : ce concret devient si matériel que la matière en est transfigurée et l’esprit, affecté. L’union de Dieu et de l’Homme dans le Fils est le summum de cette rencontre, une aventure qui portera à la communion au cœur de la communion trinitaire. Le 2nd dimanche de l’Avent appelle à la conversion pour se préparer à la rencontre. Jean le baptiste est le dernier maillon des prophètes de l’ancienne Alliance. Il ouvre la porte à l’Alliance définitive par « l’Agneau de Dieu ».
- 1. Baptisés dans l’Esprit Saint.
Jean-Baptiste est un personnage sympathique, exigeant, intègre. Il paraît si radical dans son approche qu’il met mal à l’aise nos compromis. Compromis politiques, moraux et religieux. Il paiera de sa vie cette honnêteté et cette fougue pour la Loi. Avant même sa naissance, il trésaille d’allégresse quand les deux mères se rencontrent. Au désert, il vit de peu pour montrer le tout. Au Jourdain, il désigne l’ « Agneau de Dieu », le baptise sur ordre et se retire. Il meurt en martyr, en défenseur de la vérité. Jésus lui fera dire que les promesses sont accomplies et qu’il n’a rien à craindre. C’est « le plus grand des enfants des hommes » : bel hommage venant de la bouche du Maître et Seigneur. Sa prédication n’en est que plus spectaculaire et véridique. Celui qu’il désigne plus « grand que lui », c’est Celui qui vient au nom du Dieu d’Israël, le Saint de Dieu.
Vie dans l’Esprit : si le baptême de Jean en est un de pénitence et de conversion, celui du Christ va bien au-delà. Incluant la pénitence et la conversion, il plonge dans une réalité nouvelle, il purifie des péché, il change notre solidarité. Le baptême du Christ est une transfiguration qui donne l’Esprit et qui change la vie. Il est participation à la vie divine par la mort au péché et la résurrection à la grâce. Le monde nouveau est annoncé, il est vécu dans notre quotidien. La vie nouvelle est possible par l’action de l’Esprit. Le Ciel nouveau est donné par l’amour trinitaire. Le Baptiste ne pouvait imaginer plus grand don et plus belle grâce. Il les a cependant préparés.
Vie dans la communion : si le baptême de Jean réorientait vers l’application de la Loi et le respect de l’Alliance, en Jésus la Loi est Loi d’amour et l’Alliance est définitive. Bien plus, le Christ est la Loi de la Nouvelle Alliance. Il est le Temple de la rencontre. Il est l’icône du Dieu invisible. Porte du Ciel, il est Chemin vers le Père parce qu’il est la Lumière et la Vie. Le baptême en son nom nous identifie à lui et nous fait « fils et filles » du Père éternel dans l’Esprit Saint. Comme le Fils est en communion avec le Père, nous entrons dans cette communion par notre amour et notre intégration au Corps du Christ. Cette communion se fait ‘quotidien’ ; notre quotidien transfiguré est le chemin vers la communion. Communion personnelle et communautaire car l’Église est la Peuple de la communion en la Sainte Trinité.
Esprit du Père et du Fils : si le baptême de Jean appelait à un retour vers Dieu, le baptême du Christ est une vie dans l’Esprit et l’Esprit est l’amour du Père et du Fils. L’Esprit agit en nous, prie en nous, aime en nous. Il réalise le Royaume et établit la Demeure de Dieu en nos cœurs. Devenus Temple de l’Esprit, nous sommes prêts à la rencontre et au face-à-face éternel. Baptisés dans cet Esprit, notre existence se transforme, notre personne se filialise. De créatures, nous devenons des enfants de Dieu, héritiers des mêmes promesses et unis au Fils unique pour la gloire du Père.
Jean baptisait dans l’eau, le Christ baptise dans l’eau et l’Esprit Saint. La vie nouvelle est commencée.
- 2. Baptisés dans le feu
Le Baptiste ne se trompe pas même s’ il ne réalise pas complètement la nouveauté annoncée et réalisée en Jésus. Alors qu’il est enflammé de zèle pour Dieu, il annonce un engagement bien plus grand par celui qui est ‘le plus grand’. Il entrevoit le salut, il perçoit la rédemption, il voit la fin des malheurs et la venue de la terre nouvelle d’Isaïe (11, 1-10). La prophétie va enfin se réaliser. La paix est possible par le Dieu de l’Alliance. Jésus va porter la prophétie à son accomplissement par son sang et le don de lui-même, par sa mort et Résurrection. Le feu est désormais allumé dans nos cœurs.
Feu de la foi : qui nous séparera du Christ ? En Jésus, la foi, don et grâce, est une flamme qui ne s’éteint pas, qui veille, qui anime. Elle oriente nos vies et approfondit notre relation aux autres. Elle nous engage à la vérité dans le quotidien.
Feu de l’espérance : qui éteindra notre espérance ? En Jésus, l’espérance est victorieuse de nos craintes et de nos peurs. Elle anime et crée. Elle enflamme nos cœurs et les lance vers le futur, vers le Jour bienheureux de la rencontre définitive, vers le Cœur de la Trinité.
Feu de l’amour : qui affadira notre amour ? En Jésus, l’amour est divin, complet, éternel. C’est l’amour qui préside à la Création et à la Recréation en Christ. C’est l’amour en la Trinité, c’est donc l’amour qui enflamme nos vies. L’amour de Dieu et l’amour des autres sont similaires, amour don, amour divin. Dieu est amour, notre vie ne doit être qu’amour dans l’harmonie de la personne et l’équilibre des autonomies. Le baptême du Christ est un incendie qui atteint le cœur trinitaire !
- 3. Conclusion : appel à la conversion
Jean-Baptiste appelle à la conversion : changer d’orientation, se retourner, se convertir. Revenir au Dieu de l’Alliance par sa Loi et l’amour.
Jean-Baptiste ne fait pas de compromis avec le mal. Il enseigne une religion de sincérité et d’engagement.
Jean-Baptiste désigne le Messie qui devra accomplir les promesses et ouvrir un nouveau temps. Temps de paix avec Dieu et entre les hommes, temps de grâce qui précèdera la grâce définitive en Dieu. Cette grâce est donnée par le Christ, Dieu et Homme, Fils de Dieu pour notre salut.