3 ème dimanche de l’Avent A

« Es-tu celui qui doit venir ? »

(Mat 11, 2-11)

Dimanche de la joie, le 3ème dimanche de l’Avent nous amène à la préparation immédiate de Noël. Les choses se précipitent. Le messie arrive. Notre cœur s’emballe et s’active. La neuvaine de Noël va commencer avec l’apparition de tous les protagonistes de l’histoire. Marie, bien sûr, et Joseph, Zacharie et Elisabeth, Jean le baptiste dès le sein de sa mère… Tous vont vivre l’événement avec l’intensité de leur émotion et de leur tradition. Comme nous, ils réagissent avec ce qu’ils sont, avec leurs limites et leurs richesses, avec leur foi et leur amour. L’événement « Jésus » restera le passage inégalé d’un Testament à l’autre, d’une espérance à une autre. Il va bouleverser leur histoire et notre Histoire. Il va transcender l’Histoire pour la porter au niveau de la Trinité. Cet homme est-il le messie ? Bien sûr, vont nous dire ces personnages impliqués directement dans l’événement.  Jean le baptiste a reconnu Jésus comme l’Agneau de Dieu. Du fond de sa prison, il s’interroge. Jésus lui répond avec des mots et des images qu’il comprend. Les promesses sont accomplies, la joie est donnée, le messie est parmi nous. Ce Messie, c’est Dieu lui-même. Dieu s’investit et se fait proche. Il vient nous rejoindre dans notre réalité humaine. L’Emmanuel est parmi nous !

  1. 1. Les promesses du Messie

Jésus ne se présente pas comme le messie mais il accomplit les promesses liées à la venue du messie. Jean comprend car il est versé dans les Écritures et il attend les signes avant-coureurs du salut. En Jésus, il reconnaît l’Envoyé, le Béni, l’Agneau de Dieu. Pouvait-il aller plus loin ? Son martyre sera son dernier geste d’amour, le couronnement d’une vie engagée et donnée. Il peut disparaître car le Messie est là.

Rétablir la Création : dévoyée par le mal et solidaire du péché, la Création souffre tout comme l’humanité. Non pas dans son autonomie car elle a ses propres lois voulues par Dieu. Non pas dans son évolution ou son expansion, car elle va selon son rythme. Elle souffre cependant de cette séparation d’avec le Créateur, de la folie de l’homme, de la violence du mal… le Messie vient rétablir l’harmonie et rectifier les courbes de dégénérescence. Les images d’Isaïe (Is 35) sont suggestives. Jean ne se trompe pas, il reconnaît le signe en Jésus.

Rétablir la Loi : dévoyé par le mal et empêtré dans son péché, l’homme se détourne de la loi divine, naturelle ou révélée. Il veut être sa propre origine, son propre centre d’intérêt, le maître de lui-même et de l’univers. Grain de sable dans l’immensité du créé, peut-il prétendre à ce rôle ? Sa dignité lui vient de Dieu, de sa ressemblance d’avec le Créateur. Il ne peut être complétement autonome, ayant Dieu pour Créateur. Le Messie vient rétablir l’équilibre entre une juste autonomie et une juste théonomie, entre le fini et l’infini, entre la dignité humaine et la gloire divine. Découvrir cette loi inscrite en lui ne diminue en rien la dignité de l’homme. Reconnaître plus grand que lui ne le rabaisse pas. De fait, celui qui l’a créé l’a aussi élevé et lui a promis sa propre gloire. Adam veut ravir ce que Dieu propose gratuitement. Jean ne se trompe pas, il voit en Jésus celui qui est la Loi.

Rétablir l’Alliance : dévoyé par le mal et compromis par le péché, l’homme s’éloigne de l’Alliance. Il veut bien recevoir les grâces mais ne donne rien en échange. Il profite de la bénédiction mais se tourne vers les idoles et les intérêts mondains. L’Alliance est pourtant un engagement entre partenaires égaux, une reconnaissance mutuelle, un ‘contrat’ d’harmonisation. Quelle est cette propension de l’homme à préférer l’esclavage et les chaines à la liberté d’une relation saine et responsable ? Le Messie vient rétablir l’Alliance et va plus loin. Il donne la vie divine à l’homme limité et contingent. Le Nouvelle Alliance en son sang est vie éternelle et filiation. Dieu est Père dans la force de l’Esprit et la grâce du Fils. L’Alliance devient communion trinitaire. Jean ne le comprend pas encore mais fait confiance au Messie qui va renouveler l’Alliance malmenée.

Reconnaître l’amour : reste à recevoir et à accepter l’amour du Père par le Fils dans l’Esprit. Le Messie vient apporter cette nouveauté tout en l’enracinant dans la tradition biblique et prophétique. Alors que Dieu s’était révélé « plein de tendresse et de miséricorde », voici qu’il se révèle « amour », par la mission du Christ. Désormais, l’amour du Père se reflète sur le Visage du Fils, dans la beauté de l’Esprit. Jean perçoit quelque chose de nouveau, cela le préoccupe mais les signes messianiques sont clairs : Dieu visite son peuple.

  1. 2. La joie du Messie

La joie nous est donnée, cette joie intérieure et pure, innocente et profonde. La certitude de l’amour nous investit et nous transforme. Christ a porté la joie en nous, joie d’une relation vraie et sincère, d’une espérance véritable et engageante, d’un amour lumineux et vivifiant.

Joie de se savoir aimé : quoi de plus heureux qu’un amour partagé ? La Résurrection a ouvert le Ciel et a révélé la paternité divine à travers la divinité du Fils. La Lumière pascale nous donne l’Esprit, amour du Père et du Fils. L’amour se répand sur le monde et se laisse trouver. La joie du salut se confond avec l’amour trinitaire. Oui, sauvés en Christ, nous aimons en la Trinité. Le salut est accordé une fois pour toute et ce salut s’épanouit dans la relation nouvelle en Dieu.

Joie d’aimer en la Trinité : heureux de la venue historique du Christ et heureux de le recevoir encore dans nos vies, nous exultons de joie avec toute l’Église dans le Sauveur. Noël est le début d’une aventure nouvelle qui s’enracine sur terre pour s’épanouir en Dieu. Noël est le signe lumineux de l’amour qui s’incarne pour nous transformer de l’intérieur et nous porter au Ciel. Noël, c’est l’amour qui s’engage pour nous, s’exprime pour nous, qui nous rejoint. Désormais, l’amour trinitaire se vit en nous car nous traversons le Cœur de la Trinité dans l’amour.

La liturgie exulte en acclamation de joie dès l’introït de la messe :

“Gaudete, in Domino semper : iterum dico, gaudete. Dominus enim prope est. »

Réjouissez-vous toujours dans  Seigneur : je le répète, réjouissez-vous. Le Seigneur est proche

  1. 3. Conclusion : l’humilité

Jean le Baptiste nous ressemble beaucoup : persuadé de la venue du messie, voici qu’il demande encore à voir. Il veut savoir de la bouche de Jésus si c’est bien lui « qui doit venir ». Les signes ne trompent pas. Oui, Jésus est le Messie.

Jean le Baptiste perçoit la nouveauté mais ne peut encore y accéder. Humblement, il s’en remet au Christ. Cette humble plongée dans l’amour fera de lui « le plus grand des enfants des hommes ». L’humilité est chemin de vérité car il touche l’amour et l’amour, c’est Dieu parmi nous.

 

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