ORDINAIRE 2 A

« Voici l’Agneau de Dieu »

(Jean 1, 29-34)

Après les fêtes de Noël et les multiples célébrations qui ont suivi, nous entrons dans l’ordinaire du temps. Il s’agit maintenant de suivre Jésus montant à Jérusalem et de découvrir par nous-mêmes tout ce qui a été dit à son sujet. Les manifestations et les révélations du temps de Noël ont eu la joie de nous mettre en appétit et d’aller plus loin dans la connaissance, dans la compréhension et dans l’amour du Christ pour mieux saisir le Père et vivre de l’Esprit. On a reçu une révélation surprenante et bouleversante. L’Incarnation n’est pas une petite affaire. Dieu parmi-nous n’est pas une figure de style. La consécration de notre chair et la bénédiction de notre humanité ne sont pas de simples images. A nous de recevoir, accepter et vivre cette réalité nouvelle en devant « un en Christ » et en nous plongeant dans son mystère. Ce mystère se déploie à travers sa mission. Sa mission est lumière pour entrevoir son identité. Son identité divine est salut pour l’humanité. L’humanité du Christ unie à la divinité est chemin vers le Père. Atteindre le Père dans l’Esprit est glorification en Christ. La communion trinitaire est notre avenir. L’amour a toujours le dernier mot. Les prophètes ont senti cela. Marie, St Joseph et les Apôtres ont cru en cela. Les saints ont vécu cela. C’est à nous maintenant de faire l’expérience de cette Présence aimante et de recevoir puis suivre l’Agneau de Dieu pour enfin nous identifier en Lui et devenir comme Lui, fils et filles de lumière, pour l’éternité.

  1. 1. L’Agneau de Dieu, sa mission.

Comment reconnaître Jésus comme le Fils sans percevoir, à travers sa mission, son identité ? Le Faire a révélé l’Être. Son action pour nous a montré sa passion pour nous. Le don de lui-même a manifesté son identité divine. Il aura fallu sa mort et sa Résurrection pour enfin comprendre son origine divine et le partage de sa divinité avec tous ses frères et sœurs qui le suivent. Les mots n’ont pas suffi. Les discours nous ennuient. Seuls son agir et son être pour-nous ont pu ouvrir nos yeux sur le mystère de sa Personne et de sa relation au Père. L’Esprit nous a éclairés. Jean le baptiste a eu l’intuition qui se révèlera vraie et qui se déploiera tout au cours de la vie de Jésus.

L’Agneau pardonne les péchés : il est celui qui « enlève le péché du monde ». On oublie trop souvent que le péché est un acte grave qui nous coupe de Dieu et qui nous tue de l’intérieur. Le péché exprime notre misère et nos tentatives de vivre sans Dieu. C’est l’emploi dévoyé de notre liberté et un acte de mort. Alors que Dieu veut la vie, nous veut en vie et nous donne sa vie, nous préférons la mort, vivre comme mort, engendrer la mort. Alors que Dieu nous aime, propose son amour et nous entoure d’amour, nous préférons aimer la futilité et les illusions, aimons petitement, aimons notre bassesse. L’Agneau donnera sa vie pour nous et nous redira l’amour du Père dans l’Esprit, amour du Père et du Fils. Il rétablit la vérité et nous remet sur les rails de la vie véritable dans l’amour.

L’Agneau ouvre le Ciel : il est celui qui fait le pont entre Ciel et terre, unique intermédiaire entre Dieu et les hommes, le seul Homme-Dieu capable d’être vraiment homme et vraiment Dieu, vivant pleinement son humanité et puisant pleinement dans sa divinité. Fils de Dieu, il est un fils de ce monde pour que ce monde rejoigne le Père par l’Esprit. La mission du Fils est d’ouvrir le Ciel et de rétablir les relations rompues par notre orgueil et notre désir de ravir la divinité à notre profit. En étant homme selon la volonté du Père, il donne le Ciel à ses frères et sœurs épris de bonheur et de transcendance, amoureux de la justice et de la liberté, aimant le prochain de l’amour même du Père.

L’Agneau montre le Père : il est la Voie qui ouvre sur le Mystère par excellence, le Cœur aimant du Père, palpitant d’amour pour ses fils et filles par le Fils unique dans l’Esprit. La mission du Fils est de nous faire connaître son Père et notre Père, de nous remettre entre ses mains, de nous rétablir dans notre dignité perdue. En appelant Dieu : « Père », Jésus se révèle Fils mais ouvre une nouvelle connaissance du divin et établit une nouvelle relation avec Dieu. La paternité divine se déploie depuis la création du monde et ne cesse de se manifester. Par le Fils, elle resplendit comme l’astre lumineux qui nous donne une nouvelle identité.

L’Agneau donne l’Esprit : comment comprendre, accueillir, accepter cette vérité merveilleuse ? Comment vouloir être fils/fille d’un Père Éternel sans cesse à nos côtés ? Comment suivre le Christ sur cette voie sans trébucher ou douter ? Comment aimer et faire de notre pauvre amour humain un tremplin vers l’amour trinitaire ? Par l’Esprit Saint ! Seul l’Esprit peut nous emporter dans cette merveille et nous combler de vérité et de lumière, par le Christ, pour le Père.

Dans son action-pour-nous, l’Agneau révèle son être-pour-nous. Il est reconnu Fils parce qu’il l’a exprimé et montré dans l’amour de l’autre et l’amour du Père.

  1. 2. L’Agneau de Dieu, son identité.

Jean le Baptiste, même s’il n’a rien vu de la mission du Fils et n’a pas encore connu sa Passion, mort et Résurrection, le désigne : « Oui, j’ai vu et je rends ce témoignage : c’est lui le Fils de Dieu ». Qu’a-t-il vu pour témoigner ainsi ? La seule présence du Christ révèle-t-elle une Présence divine ? Seuls les saints perçoivent la Lumière à travers la lumière de la vie d’un autre. Seuls les voyants voient de l’intérieur les secrets cachés et prêts à se dévoiler. Il aura fallu le témoignage de vie du Christ pour nous ouvrir les yeux, sa glorieuse Résurrection pour nous faire toucher le mystère.

Le Fils : Jésus est le Christ, le Fils de Dieu. Cela peut nous paraître évident, à nous, après tant de siècles de contemplation, de proclamation, de témoignage. Cela n’est plus évident pour le monde, pour les chrétiens eux-mêmes. Cela n’est plus évident pour nos vies, notre éthique, notre spiritualité. Pourtant, n’est-ce pas la révélation de Noël, la proclamation de Pâques, la vérité de la Pentecôte ? N’est-ce pas le cœur de la foi chrétienne ? Proclamer la divinité du Christ ne minimise pas son humanité. Si on en fait un simple prophète ou un héros du passé ou même un saint homme ou un maître spirituel, on trahit la foi et rejette l’Évangile. Il est le Fils de Dieu. Il est Dieu, ‘vrai Dieu né du vrai Dieu, engendré non pas créé, de même nature que le Père et par lui tout a été fait’ (Credo).

L’homme : Jésus est homme, sans aucun doute et avec tous les attributs. En tout, homme sauf le péché. C’est cet homme qui se donne et qui devient agneau docile, sujet de violence, sacrifié sur l’autel de notre méchanceté. C’est lui, par amour, qui nous sauve de la mort, rétablit les relations, et nous donne accès au Père. L’Esprit est sa force. L’amour est son chemin. La Trinité est sa révélation.

  1. 3. Conclusion : l’Esprit de feu

L’Agneau de Dieu se donne en notre faveur. Sa mission est Mission Divine.

L’Agneau de Dieu se livre et révèle son identité divine. Par lui, Dieu est Père, l’Esprit nous enflamme.

Père Francis

 

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