ORDINAIRE 33 – C

15, 16, 17 NOVEMBRE 2013

« C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie »

(Luc 21, 5-19)

La fin de l’année liturgique approche et l’Écriture se fait de plus en plus pressante. Appel à la conversion, à l’accueil du Messie, à l’amour. Le cycle va se boucler par la fête du ‘Christ roi de l’univers’ qui vient comme cueillir tout ce qui a été dit et médité, comme une conclusion qui ouvre sur une réalité nouvelle, celle du monde nouveau et l’attente joyeuse de la réalisation définitive des promesses du Christ. Jésus annonce le Royaume de Dieu. Il utilise des images surprenantes pour nous aujourd’hui mais à resituer dans le contexte de son époque. Le langage apocalyptique est un langage d’espérance pour un monde en désarroi, sujet à la violence et à l’incompréhension. Nous ne maîtrisons pas grand-chose et nous subissons bien des pressions. Dans cette adversité, notre foi est mise à l’épreuve et notre confiance, secouée. Le Seigneur a-t-il bien répondu à nos attentes ? Sa victoire est-elle bien définitive ? Pourquoi souffrons-nous encore alors que la Résurrection est annoncée et le monde nouveau proclamé ? Le défi n’est pas de croire en Dieu mais de rester fidèle à son amour, de croire que les germes du renouveau sont là, en nous, prêts à éclore et à donner du fruit. Le défi reste de poser un regard d’espérance et de s’engager à la construction du Royaume. La fin du monde est la fin d’un monde et l’ouverture bienheureuse sur l’invisible.

1. La fin d’un monde.

Il y a une curiosité perspicace à savoir ce qui se passe dans l’au-delà. Nous aimerions savoir et donc nous préparer en conséquence. Il y a bien des voix qui se font entendre et qui donnent des détails et des dates. Il y a surtout notre peur qui veut se satisfaire d’illusions et de consolations. Même si Jésus emploie des images fortes, il n’y a rien à craindre pour les fils/filles de la lumière qui le suivent dans l’amour. La fidélité est ici essentielle. L’amour a la première place.

La fin du monde approche : plus qu’une fin, il faudrait parler d’accomplissement. La Résurrection a transformé de l’intérieur la réalité visible en y mettant toute l’énergie divine et en sanctifiant ce qui avait déjà été créé par amour. Notre monde va vers sa pleine réalisation car il est dans les mains du Christ, Fils de dieu. Devant tout remettre au Père, le Fils vient parfaire son œuvre et insuffler son Esprit. Les solidarités changent. Les convergences se définissent différemment. Les fruits de l’Esprit se laissent percevoir. Il y a encore beaucoup à faire pour rompre la chaine du mal et les chaines du péché mais il y a beaucoup d‘espérance car la lumière du Christ est déjà à l’œuvre. Le présent est éclairé par la présence du Fils et le sens des choses est donné par son Esprit créateur.

La victoire du Seigneur : cette victoire est pleine et définitive. Au-delà des apparences, il nous faut voir avec les yeux de Dieu et nous élever vers la sphère divine. Tout concourt et participe à la victoire du Christ car Parole Éternelle, il est aussi Parole incarnée touchant de l’intérieur notre condition mortelle et transformant du dedans notre chair et le monde matériel. Le Ressuscité a vaincu les forces de mort et les sources du mal. Sa victoire est parfaite et nous encourage à ‘voir’ au-delà du visible, à ‘croire’ au-delà des craintes, à ‘espérer’ au-delà de tout, à ‘aimer’ par-dessus tout. Le Fils est la clé d’interprétation de toute la réalité et de l’histoire, il est le ‘signe d’une réalité qui reste pour toujours’. Agneau immolé, il est le Victorieux dans la fragilité ou par-delà la fragilité. Sa fragilité a été le lieu de la révélation de la force divine. Sa croix, signe de mort, est devenu signe de vie et de lumière, signe de l’amour trinitaire. Tout est dit et tout se fait par lui désormais.

Le jugement dernier : nous sommes des hommes et femmes responsables. Nous avons le choix car notre liberté est garantie par Dieu. C’est un don précieux dont il faut user avec sagesse et discernement. De fait, la liberté profile notre éternité en Dieu par l’amour concret que nous aurons eu. La croix a révélé que c’est l’amour le sens final de tout. C’est donc l’amour qui donne sens à la vie et à nos choix. C’est lui aussi qui présidera à notre jugement. L’amour que nous aurons manifesté dans le concret du quotidien sera notre porte d’entrée dans l’infini de l’amour qui ne passe plus.

Les images eschatologiques de Jésus nous invitent à reconnaître la main de Dieu dans le présent et à vivre intensément ce présent pour y discerner les signes de l’éternité. Seul l’amour a la capacité de cet exploit.

2. La communion dans l’amour.

Ainsi, loin  de nous effrayer, Jésus nous invite à changer le quotidien et à aimer. Les images employées montrent un bouleversement, douloureux parfois, mais nécessaire. Il s’agit de ‘voir’ : les conséquences de nos actes en positif et négatif, le sens des choses au-delà des apparences, la présence vivifiante de l’Esprit à l’œuvre, l’action aimante du Père et la victoire du Fils. L’amour trinitaire est donné à ceux qui aiment. La communion est possible.

Le Royaume en la Trinité : vérité venant de la révélation du Fils, la foi en la Trinité n’est pas une construction de l’esprit humaine. C’est même un défi pour l’esprit humain mais une joie pour le cœur humain et une quiétude pour l’âme. C’est bien le Fils qui parle du Père et qui donne l’Esprit. C’est bien le Père qui envoie le Fils par la puissance de l’Esprit. C’est bien l’Esprit Saint qui œuvre et sanctifie, Lui l’amour du Père et du Fils. Que pouvons-nous craindre si Dieu est Amour et si nous avons répondu présents à son appel ? La fin du monde est la fin d’un monde qui devient le monde de Dieu et s’épanouit dans l’amour des Trois qui ne sont qu’Un en divinité. Ce qui se vit au sein de la Trinité nous est tout simplement proposé. C’est le Royaume, le Paradis, le Ciel, l’au-delà…

La communion trinitaire : la Croix a inauguré le Règne de l’amour car instrument d’opprobre et de torture, elle a révélé tout l’amour divin. Jésus s’est vidé de lui-même pour nous enrichir de sa divinité. Passant par la croix, nous accédons à la lumière pascale. Pâques, victoire du Christ, est notre victoire car toute la Trinité triomphe dans l’amour exprimé par le Fils. Serons- nous jugés dignes de participer à cette communion ? Si nous avons dit oui et si nous avons aimé comme le Fils, nous pouvons goûter à la communion trinitaire éternelle.

3. Conclusion : s’engager pour le Royaume de Dieu.

Le Royaume de Dieu n’est pas une illusion : on ne s’éloigne pas de ce monde mais on le transforme « dans la calme pour manger le pain que nous aurons gagné » (2 Thes 3, 12).  Le quotidien est la voie qui mène au Ciel.

Le Royaume de Dieu est ouvert par la victoire du Christ : mort pour nous et vidé de lui-même, son offrande est acceptée par le Père. L’Esprit est donné et le monde se transforme en lui.

Le Royaume de Dieu est communion : le jugement portera sur notre amour afin d’aimer en Dieu.

 

— Père Francis

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