ORDINAIRE 5 A

« Vous êtes… »

(Mat 5, 13-16)

Alors que l’on suit Jésus dans sa mission rédemptrice et que l’on cherche à le connaître, il est bon de se rappeler que le Christ, non seulement révèle son identité mais par là même révèle notre propre identité. Il se montrera « Fils de Dieu » par sa mort et sa Résurrection. Il nous révèlera fils/filles de Dieu par cette même mort et Résurrection. Connaître le Christ, c’est connaître le Père et l’Esprit Saint. Connaître le Christ, c’est nous connaître comme fils et filles de Dieu et donc frères et sœurs. Filiation et fraternité vont de pair, à la suite de la filiation divine de Jésus. Nous sommes, certes, des hommes ou des femmes, et notre vie est un long cheminement pour le demeurer et pour l’être en vérité, dans toute sa grandeur tout en acceptant ses limites. Par le Christ, cette humanité s’approfondit, s’éclaire, s’intensifie car elle rejoint la filiation et la vocation divine. Loin de nous minimiser, Dieu nous élève et nous révèle la beauté de notre humanité en manifestant son amour. Ainsi, l’éthique est cette réflexion sur le ‘comment être homme/femme’ et la morale le ‘comment agir comme homme/femme’. En y ajoutant toute la dimension spirituelle, nous sommes portés à la splendeur de notre humanité, nous devenons « sel de la terre et lumière du monde ».

  1. 1. « Vous êtes le sel de la terre ».

Comment vivre ? Quelle orientation prendre ? Comment devenir soi-même ? Depuis toujours, les questions restent les mêmes. Nous voulons vivre pleinement mais pas à n’importe quelles conditions. Nous savons que bien des choses nous entrainent vers le néant ou l’aliénation, que bien  des chemins éclairés sont des voies vers l’esclavage, que ce qui brille n’est pas toujours de l’or… Nous voulons réussir notre vie et aussi apporter quelque chose à cette humanité, à l’histoire. Nous voulons apporter notre pierre à ce bel édifice qui se met en place depuis des millénaires malgré les régressions, les destructions, les perversions… mais surtout à cause de notre foi, notre sacrifice, notre vision, notre passion. Dieu nous accompagne dans cette aventure. Son Fils Jésus est l’un de nous. Il a su donner l’espérance d’un monde nouveau et la foi en cet amour qui nous a créés et recréés. Construisons donc sur le roc et allumons le feu qui illumine le monde.

Féconder la pensée : être le sel de la terre demande d’abord de ne pas avoir peur d’être ce que l’on est. Il y a bien des philosophies et des anthropologies. Des idées s’affrontent. Des orientations mortifères sont parfois choisies. Apportons toute la force de la foi et notre vision de l’homme. Fécondons le débat et battons-nous pour défendre la vie, la vérité, la justice, l’humain… Il est temps de se faire entendre et de porter cette vérité sur l’homme et la femme, sur l’altérité, sur la grandeur de toute vie, sur la beauté de la vie. Les valeurs de l’Évangile sont à proposer. Le monde a besoin de ce sel qui lui donne du goût, de l’avenir, de l’amour. Sel qui porte Dieu et donne l’amour. Sel qui préserve et porte en avant. Sel qui vivifie et purifie. Sel qui ouvre sur l’invisible et la transcendance.

Féconder l’agir : être sel de la terre demande d’agir en conséquence et de produire du vrai et du beau dans l’amour. Que de fois notre attitude est loin de nos paroles, nos choix sont loin de porter la paix et la quiétude dans le monde et dans notre entourage. Agir chrétiennement c’est agir en humanité comme fils/filles du Père dans la force de l’Esprit du Fils. Il ne peut y avoir de contradiction entre nature et révélation, raison et foi, conscience et inspiration, liberté et volonté divine, homme et Dieu. Il y a harmonie et là est toute notre grandeur et notre défi. Alors notre action reflètera la profondeur de notre intériorité et la justesse de la révélation. Alors agir sera comme aimer. La grâce nous illuminera.

Féconder le monde : être le sel de la terre demande d’aimer le monde créé par Dieu malgré ses limites et son péché. Mais justement à cause de ses limites et de son péché car ses limites et son péché sont nos limites et notre péché. Quand l’acceptation est reconnue et le pardon est accueilli, la miséricorde divine se répand et la grâce agit en nous et donc dans le monde. Si le sel agit en nous et nous rend crédibles, notre monde n’en sera que plus ‘appétissant’ et chacun y trouvera le salut.

Être sel de la terre demande de s’ouvrir à la grâce et de vivre selon notre vocation. Répandre la vérité en aimant et en agissant en conséquence.

  1. 2. « Vous êtes la lumière du monde »

Jésus le Christ est la vraie lumière qui vient dans le monde. Sa naissance et sa vie ont éclairé l’histoire. Sa passion, sa mort et sa Résurrection ont illuminé la vie, le visible et l’invisible, l’extériorité et l’intériorité. Sa parole est Parole de Dieu car il est le Verbe ‘auprès de Dieu depuis toute éternité’. Cette claire identité nous rejoint car nous-aussi devons être lumière du monde à sa suite. Voilà une singulière vocation.

Christ lumière : s’enracinés en Christ c’est devenir ‘autre christs’. Devenir Christ c’est s’identifier à lui. S’identifier au Christ, c’est être fils/filles de Dieu et vivre de sa grâce dans l’amour. Il y a une vraie transformation de notre personne en Christ car son incarnation touche notre être profond et sa Résurrection transfigure notre humanité en la rendant divine. La lumière du Christ fait de nous des lumières.

Fils et filles de la lumière : on aime se dire fils/fille de Dieu, on se considère moins facilement comme ‘lumière’. C’est pourtant là un titre donné par le Christ à ses disciples. Tout le défi est de vivre dans la lumière et d’éclairer par notre être et notre agir le monde d’aujourd’hui. Il ne s’agit pas seulement d’éclairer les consciences par notre éthique ou notre pensée théologico-philosophique, il s’agit d’être vraiment au monde, de faire naître le monde à sa vérité, de porter ce monde vers sa vocation ultime, de le transfigurer par le Visage du Christ reflété sur notre visage. Nous devons irradier la seule et unique Lumière ! Seul celui qui contemple et adore peut faire transparaître la gloire de Dieu par son corps, son esprit et son âme. Seul celui qui voit l’invisible peut témoigner dans le visible. Seul celui qui aime transmet l’amour du Père à ses fils/filles en Christ. L’agir suivra l’être.

  1. 3. Conclusion : un amour qui sale et qui illumine.

Le Christ a porté un sel qui donne goût à la vie. Nous devons nous-aussi saler la vie pour y porter le bon goût du Père et la gloire du Fils dans l’Esprit Saint.

Le Christ est la vraie Lumière. Nous devons nous-aussi illuminer par notre vie et notre agir pour être crédibles et apporter au monde l’Évangile de vie et la Lumière du Père dans l’Esprit.

Le croyant est sel de la terre et lumière du monde par vocation car il participe à la grâce du Ressuscité dans la communion trinitaire. Cet amour vécu en vérité se reflète sur le monde.

Père Francis

 

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