« Celui qui m’a vu a vu le Père »
(Jean 14, 1-12)
Le Christ est vraiment ressuscité. Toute notre vie rayonne de cette annonce surprenante et dynamisante. Le Christ est révélé Fils en sa Résurrection, il peut régner sur l’univers et sur nos cœurs. A jamais vivant, il s’unit au Père dans l’Esprit pour l’éternité. Venant du Père, il retourne au Père pour vivre cette communion parfaite dans l’amour. L’Esprit est donné aux fidèles, devenus fils et filles en Christ, par leur baptême, vraie participation à la mort et Résurrection du Fils. La vie quotidienne prend une qualité nouvelle, elle est chemin vers Dieu. La banalité devient un rythme portant à l’éternité. L’espace est un tremplin vers l’infini. Notre corps mortel est promis à l’immortalité dans la transfiguration de la matière. Quand on parle de Nouvelle Création, c’est de cela dont l’on parle, de cette explosion de vie et d’éternité dans le fini et le périssable, de cette joie incommensurable au-delà de nos limites et souffrances, de cet amour qui se répand en nos veines jusqu’à faire jaillir l’Esprit dans le monde. La participation à la beauté divine est possible parce que le Christ est ressuscité. Vrai visage du Père, le Christ est le reflet de sa gloire dans le monde et dans nos cœurs assoiffés d’amour et d’infini. La beauté de la Trinité se vit dans le quotidien d’une vie faite d’amour et de générosité. Laissons la vie couler en nous et laissons l’amour embellir nos vies.
- 1. L’unité du Père et du Fils dans l’Esprit.
C’est bien la révélation ultime et suprême de l’Écriture : la communion du Père, du Fils et de l’Esprit. Révélation surprenante mais si pleine de dynamisme et de vérité. Le Dieu unique est le Dieu Trine, le Dieu d’amour. Dieu est amour parce qu’il est Trinité. La Trinité ne se conçoit que dans l’amour. Il aura fallu l’incarnation du Fils, son enseignement lumineux, sa mort et Résurrection pour nous faire percevoir la vérité de Dieu, pour dévoiler le mystère incroyable de la communion, pour nous faire comprendre la folie d’un amour prêt à se donner en partage. Tout cela, parce que le Fils est le reflet du Père et que le connaître, c’est connaître le Père dans l’Esprit.
Le Père créateur dans l’amour : le Créateur est bien reconnu. C’est même sa caractéristique première, la Cause première, la raison d’être du monde. C’est par lui que tout prend vie, par lui que le Souffle est donné, par lui que l’univers s’organise. Il revient au christianisme d’avoir mis en avant sa paternité. Non seulement Créateur, Dieu est Père. Il est Père parce que le Fils le révèle. La relation qui s’établit désormais est nouvelle et filiale. Les liens se transforment pour devenir des liens d’amour. La création n’a d’autre raison que l’amour du Père qui partage sa joie et son être. On comprend mieux l’Ancien Testament et sa longue pédagogie pour faire sortir Israël d’une conception païenne de la divinité. Dieu veut être servi et aimé gratuitement, dans la vérité d’une relation d’Alliance. Le visage du Dieu de l’Ancien Testament se transforme au fil des pages jusqu’à la venue du Fils qui accomplira le saut ultime dans la paternité.
Le Fils rédempteur dans l’amour : le Sauveur est celui qui donne sa vie pour le troupeau. Il ne vient pas pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon. Don suprême de lui-même, le Fils se donne totalement pour réaliser la promesse du Père et ainsi sauver l’humanité du péché, du mal et de la mort. C’est pourtant en sa mort et Résurrection qu’on comprendra que le Christ est le Fils de Dieu. Comment le reconnaître avant l’événement pascal sinon par la confiance en ses paroles ? Comment le nier après l’événement pascal puisque la vie est donnée et que la lumière de l’Esprit éclaire nos cœurs et nos esprits ? C’est l’amour qui précède l’incarnation, comme c’est l’amour qui élève Jésus sur la Croix. C’est encore l’amour qui jaillira au matin de Pâques pour dire et montrer l’amour du Père par le Fils dans l’Esprit.
L’Esprit sanctificateur par l’amour : on connaît bien ce Souffle divin qui « planait sur les eaux » des origines et qui animait les prophètes et les saints. Insaisissable, il n’est reste pas moins nécessaire à la vie tout court. Présent, il nous échappe. Il va où il veut et émerge là où il veut. Sans limite parce que Dieu, l’Esprit permet l’incarnation et la rédemption. Il ressuscite le Christ et le révèle Fils du Père. Il unit le Père et le Fils pour que la différence ne nuise pas à l’unité. Il est l’unité du Père et du Fils. Il est l’amour du Père et du Fils. Cet amour donné est cet amour qui unit nos vies et nous unit à Dieu. Puissions- nous être constamment ouverts à son action et prêts à l’aventure !
Pâques a révélé le mystère divin : Dieu est un, Dieu est trine, Dieu est amour. La gloire du Fils ressuscité est la gloire du Père. L’Esprit jaillit comme une poussée envahissante d’amour et de paix.
- 2. Voir le Fils c’est voir le Père.
Les paroles de Jésus nous remplissent de joie : « Celui qui me voit a vu le Père ! ». Pouvions-nous espérer mieux pour notre vie spirituelle et notre vie communautaire ? Suivre le christ c’est trouver le Père. Aimer le Christ, c’est aimer le Père. Vivre en Christ, c’est vivre de l’amour du Père et du Fils. Contempler la beauté du Fils c’est refléter la beauté du Père. Que cette beauté nous submerge et nous emporte dans sa vague puissante ! Que de conséquences surprenantes pour notre quotidien.
Voir le Père dans l’Eucharistie : nous croyons que le Christ est réellement présent dans l’Eucharistie. Communier c’est recevoir son Corps et son Sang présents mystérieusement mais réellement dans les Espèces consacrées. Si cela est vrai, alors par le Fil reçu, nous recevons le Père. Dans le Fils adoré, nous adorons le Père. Le Fils nous emporte dans sa communion parfaite et véritable avec le Père. Le Royaume est déjà là.
Voir le Père dans la Parole : nous croyons que le Fils est Verbe de vie et Sagesse divine. L’écouter c’est entendre le Père nous parler. Méditer la Parole c’est percevoir la Parole paternelle nous dire son amour. Comprendre la Parole c’est recevoir un Message de vérité et une force de vie. Entendre le Fils c’est s’ouvrir au Père. Les mots tenus de l’Esprit sont le susurrement du Père à notre oreille. Des mots d’amour qui créent, recréent, vivifient, sanctifient, unissent. Des mots qui sont Parole.
Voir le Père dans l’Église : nous croyons que l’Église est le Corps mystique du Christ au-delà de sa nécessaire mais contingente organisation temporaire. L’Église rejoint son Fondateur jusqu’à être son sacrement dans le monde. Aimer l’Église, c’est aimer le Christ. Défigurer l’Église c’est défigurer le Christ. Elle reflète la communion trinitaire. Le Fils s’unit au Père avec son Corps ressuscité, avec son Corps mystique, avec nous. En suivant son Fondateur, l’Église trouve le Père, voit le Père, aime le Père.
- 3. Conclusion : l’amour ouvre les yeux.
Voir le Fils, c’est voir le Père. L’unité du Christ avec Dieu est expression de sa communion.
Voir le Fils, c’est vivre de l’amour trinitaire qui a créé le monde, a sauvé l’humanité, reçoit en son sein.
P. Francis