ORDINAIRE 21 A
« Heureux es-tu Simon fils de Yonas »
(Mat 16, 13-20)
Les miracles attribués à Jésus nous ont montré un messie attentif aux gens et compatissant. Il est le bon berger qui prend soin des brebis et qui ira jusqu’à donner sa vie pour elle. Les miracles sont des signes de la présence mystérieuse de Dieu, de sa miséricorde, de son amour. Le Christ est le Signe par excellence de cet amour car il parle au cœur des hommes et leur fait signe. Il leur indique un chemin de vérité et de lumière. Illuminés par sa Personne, nous pouvons rejoindre la tendresse du Père en vivant de son Esprit. La vie nouvelle est accordée aux croyants, donnée par le baptême, dynamisée par la confirmation, soutenue par l’Eucharistie, vitalisée par la confession/réconciliation, animée par l’Esprit Saint. Nous sommes déjà en Dieu en accueillant la Parole de vie, l’Esprit de vérité, l’amour trinitaire. La foi en la divinité du Christ est donc vitale car elle nous plonge dans le mystère de sa Personne, de sa relation au Père, de la venue de l’Esprit, de la communion trinitaire. Il fallut donc l’Incarnation pour nous sanctifier et la Résurrection pour nous transfigurer. Il fallut aussi le témoignage des Apôtres pour nous enraciner dans cette Bonne Nouvelle. De fait, la foi nous a été transmise sur le témoignage des Témoins de la Résurrection. Pierre et les autres, bienheureux apôtres du Ressuscité, envoyés porter au monde l’incroyable nouvelle d’un Dieu fait homme, amoureux de ses créatures au point d’en faire ses enfants.
- 1. Bonheur de croire.
L’épisode de Césarée-de-Philippe est significatif. Il se passe en terre païenne, aux sources du Jourdain. C’est là que naît ce fleuve si important pour l’un et l’autre Testament. L’eau jaillit du rocher avec force et puissance, comme par miracle. D’où vient-elle ? Du plateau du Golan, des montagnes de Syrie. Le rocher est majestueux et imposant. Jésus ne pouvait trouver un lieu plus adapté pour investir Pierre de son autorité et pour lui signifier le dynamisme de la foi, la pureté de sa vocation, la fraicheur de son Église. Pierre devra être solide comme ce rocher et rafraichissant comme cette eau limpide. S’il est le roc, le Christ reste la tête de l’Église, son Corps mystique. S’il est le chef des apôtres, le Christ est leur Maître et Seigneur. S’il a l’autorité, le Christ est la vérité et la lumière. Dans l’amour ! Heureux celui qui croit.
Bonheur d’être choisi : le choix de Pierre est symptomatique de l’élection dont déjà l’Ancien Testament a parlé. On est choisi pour être envoyé. On est consacré pour témoigner. Le choix est mission et témoignage. Le choix est personnel pour une mission communautaire et universelle. Le Peuple élu est élu pour être signe du Dieu unique, alliance pour l’humanité, porteur d’une révélation qui est bonne nouvelle pour tous. Pierre est choisi pour édifier ses frères et les soutenir. Les Apôtres sont choisis pour partir de par le monde annoncer la Résurrection. Nous sommes choisis pour être les témoins de l’amour. Heureux sommes-nous !
Bonheur d’être aimé : être choisi, c’est être aimé. Etre aimé n’enferme pas dans un cocon égoïste mais lance à l‘aventure. Être aimé c’est dire l’amour du Père et l’élection de l’Esprit en Christ. Pouvons-nous garder cette extraordinaire dynamisme en nous ou devons-nous le partager ? Pierre et les Apôtres ne sauront garder pour eux cette Bonne Nouvelle car la Bonne Nouvelle se partage, se propage, se répand dans le monde par la force de l’Esprit. L’amour trinitaire est communion et cette communion nous est accessible. Heureux sommes-nous de la partager et de la proposer aux autres !
Bonheur d’être sauvé : un choix unique et un amour vrai nous guident vers le salut, cette dynamique divine qui rejoint notre dynamique humaine. Dieu veut notre salut. La révélation est claire. Son œuvre est puissante en ce sens, elle nous entraîne vers lui. Accueillir la Personne du Fils et son agir pour nous, ouvrir notre cœur à l’action de l’Esprit, recevoir l’amour du Père… nous portent à la communion trinitaire et à la vie éternelle. Quoi de plus joyeux que de sortir du péché, de la faiblesse, de la mondanité pour atteindre le pardon, la force en Dieu, la grâce divine ? Heureux sommes-nous d’accueillir le salut comme une grâce qui nous rend libres !
Pierre est choisi parce qu’il est aimé. Cet amour le sauve du péché et le lance sur les chemins du monde proclamer la Bonne Nouvelle. Son élection est un signe de l’amour du Père qui nous enrichit en son Fils et nous anime par son Esprit. Pierre, si faible et si limité, devient fort en Dieu par la foi et l’amour du Christ. L’Esprit sera sa force pour unir l’Église et présider à la charité.
- 2. Bonheur d’être en Église
Il est toujours étonnant de constater que le christianisme s’est répandu sur le témoignage d’hommes et de femmes, témoins de la Résurrection. L’expérience pascale a été déterminante et dynamisante. Déterminante car le seul contact de Jésus n’avait pas suffi à les convaincre. Dynamisante car les yeux pleins de la beauté du Fils, ils affrontent les dangers de leur temps pour annoncer la Vérité. S’ils sont pleins de cette énergie, de cet amour du Christ, ils sont pleins d’amour mutuel et de délicatesse pour cette communauté naissante de croyants dans un monde hostile. Le bonheur de partager la même foi et de l’annoncer remplit le cœur des fidèles. Jésus a promis le bonheur à son Église.
Une Église bâtie sur le roc : la foi des Apôtres et la vérité de la Résurrection. Elle est victorieuse du mal et de la mort par la protection et la force du Fils qui lui-même est le Sauveur et le Victorieux. Bonheur en la vérité et la présence du Christ. Bonheur d’être membre de ce Corps touchant le Ciel et ouvert à l’éternité.
Église détentrice des clés du Royaume : par l’autorité donnée par la Fils qui désormais s’en remet à sa communauté et aux ministres ordonnés. Elle pardonne comme son Seigneur dans l’amour rédempteur et trinitaire. Bonheur du pardon et de la grâce filiale. Bonheur d’être participant de ce Corps témoins de l’amour.
- 3. Conclusion : l’amour nous attend.
Pierre est investi par Jésus, responsable de sa communauté et rocher de fondation. Sa profession de foi en la divinité du Christ est déterminante. C’est cette foi qui fait l’Église et qui la maintient.
Pierre est investi témoin de la Résurrection qui est signe de la Présence de Dieu dans son Peuple et de sa volonté de salut.
Pierre est investi de l’autorité même du Christ pour servir, pardonner, enseigner, redresser. C’est désormais par son Église que le Christ passe et sauve, aime et accueille. Une Église humble comme son Seigneur mais forte par son Esprit et son amour du Père. Une Église qui aime et vit de ce bonheur. Église joyeuse de croire et d’aimer.
Père Francis