25, 26, 27 OCTOBRE 2013
« Deux hommes montèrent au Temple pour prier »
(Luc 18, 9-14)
Jésus nous enseigne en parabole. C’est une vraie chance de pouvoir comprendre avec des mots et des images simples mais profonds. Il vient nous rejoindre et nous touche. C’est plus percutant qu’un grand discours et cela va droit au but. Jésus n’a pas de grand discours sur la prière ou la vie spirituelle. Il prie et vit la communion avec le Père dans une simplicité désarmante. Il est un vrai maître spirituel ; bien plus, il est la Voie vers Dieu et le Chemin vers la Vie. Le Fils est seul capable de nous rendre ‘capable de Dieu’, de nous montrer le chemin, de nous entraîner vers son Père dans l’Esprit Saint. Alors qu’il nous invite à prier sans cesse et à dire : « Notre Père », alors qu’il montre l’exemple en priant sans cesse et en appelant Dieu : « Père », Jésus indique l’humilité comme valeur essentielle dans notre relation, avec Dieu et avec les autres. Il s’insurge contre les orgueilleux et les faux prophètes, les profiteurs et les malhonnêtes. Jésus nous veut humble, d’une humilité profonde et vraie qui rejoint l’authenticité de nos vies de communion. On ne peut qu’être vrai devant Dieu. 1. La prière rend humble. La parabole de ce jour, montrant deux façons de prier, deux attitudes spirituelles, deux approches de Dieu, nous parle beaucoup. Elle invite à regarder sa propre façon de faire et son attitude de priant. Elle est sans concession face à l’orgueil et à la suffisance. Elle touche les fibres de notre cœur. Préparer son cœur : prie-t-on par devoir ou librement par amour ? La prière demande la gratuité et la générosité de l’amour. Elle ne souffre ni la présomption ni le calcul. Elle se veut simple et authentique. Si on se donne des heures ou du temps précis pour prier, si on organise son temps et le lieu de la prière, si on se fait aider des prières apprises ou traditionnelles de l’Église, c’est pour entrer dans ce grand mouvement spirituel qui soutient l’Église et qui fait l’Église, c’est pour se former et se préparer à goûter à une Présence qui fait vivre. En se préparant dans l’élan ecclésial, on atteint la stature du priant qui fait grandir le Royaume de Dieu. Prier est une question de cœur ! Préparer son âme : prie-t-on sans âme, en rabâchant des mots ou des formules ? La prière demande la spontanéité et la vérité. Elle insuffle la vie et l’Esprit. Elle se nourrit de l’Esprit Saint. Elle demande, adore, contemple au nom de l’Église pour la plus grande gloire de Dieu. S’il y a des techniques ou des formules de prières décrites par la tradition, c’est pour préparer notre âme à une rencontre vraie et dynamique, à un dialogue filial, à une relation qui met en communion. Il s’agit d’un cœur-à-cœur créatif et puissant, qui purifie l’âme et la fait resplendir. Malgré l’état d’esprit du moment et malgré ses propres difficultés ou même ses souffrances, le lien se fait car il n’a jamais cessé, la communion se vit car elle n’a jamais été rompue. Prier purifie l’âme ! Révéler ses relations : prie-t-on pour se montrer ou pour se vanter devant Dieu ? La prière n’a rien à prouver si ce n’est notre capacité d’aimer. Elle est gratuite et ne se vante pas. Elle n’est pas ni une autoglorification ni une autojustification. Elle est toute tournée vers Dieu dans la recherche de sa volonté avec une âme pure et un cœur ouvert à l’amour. La prière révèle notre spiritualité et nos tendances personnelles ou communautaires. Elle met en lumière notre relation à Dieu et teste notre esprit filial. Aime-t-on Dieu comme un Père ou le craint-on comme un Dieu lointain ? Prions-nous par amour ou par devoir, gratuitement ou ‘commercialement’ ? La prière est un révélateur qui vient battre nos théorie et éclaire notre pratique. Dieu n’a que faire de nos vantardises mais accueille nos humbles demandes. Il accueille comme Père par le Cœur du Fils dans l’Esprit. Prier c’est être soi ! Les deux hommes de la parabole décrivent deux attitudes. Le premier repart avec son orgueil, le second sera justifié. Le premier prend Dieu pour un juge rigoureux, le second pour un Père aimant. Le premier est sûr de lui-même et de ses actes religieux, le second demande l’aide du Ciel pour enfin accomplir son devoir. Le mépris est condamné. L’humilité est accueillie. N’est-ce pas une leçon pour nous croyants pratiquants et une invitation à plus d’authenticité ? Notre vie spirituelle est ici en jeu. 2. La prière recréé l’homme Si notre prière est authentique, c’est que notre relation à Dieu est vraie et sincère. La prière suit la foi et l’amour. Elle est vécue comme un don et une rencontre et non pas comme une obligation ou un devoir. Elle est gratuité dans l’amour. Repartir justifié : Jésus, dans la parabole, affirme la justification du publicain et le rejet du pharisien. En effet, la prière du publicain, pécheur public et compromis, est reçue car elle est vécue dans l’humilité et avec le ferme propos de changer. Elle est dite dans la reconnaissance de son état de pécheur et la nécessité de la miséricorde divine. C’est cette vérité sur son état qui est appréciée et cette nécessité de la miséricorde qui est reconnue. La misère humaine reconnue est un chemin vers la grâce reçue. Le publicain est pas encouragé dans son erreur ou son péché, il est justifié dans sa démarche sincère et authentique. Il est recréé par la grâce et l’amour de Dieu. Il reconnaît Dieu comme un père aimant et juste et non comme un juge pointilleux. Repartir en se sachant aimé : finalement, le cœur de cette parabole n’est-il pas l’amour du Père et notre attitude filiale ? L’’Evangile de Luc est reconnu comme l’Évangile de la miséricorde. Cette parabole s’inscrit dans la même dynamique : constat de son état de pécheur et de créature faible, besoin de Dieu, ouverture du cœur, demande de miséricorde, pardon accordé et grâce reçue, joie de la relation nouvelle, ferme propos de changer… humilité d’une démarche pourtant essentielle. Cette démarche est possible si on se sait aimé, si on perçoit Dieu comme un Père aimant, si on ose se tourner vers lui avec humilité, si on aime soi-même ! Le publicain est « devenu juste et pas l’autre », déclare Jésus. Voici un appel à croire vraiment à la miséricorde divine et à reconnaître Dieu comme un Père dans la joie du Fils et avec la force de l’Esprit Saint. C’est la dynamique de la prière chrétienne ! 3. Conclusion : aimer en priant. On aura compris que Jésus ne condamne pas mais qu’il indique un chemin spirituel et qu’il insiste sur la vérité de notre vie. Il nous enseigne à être authentiques et véridiques dans nos relations. Notre relation à Dieu ne peut être que filiale si nous voulons vraiment suivre le Christ. La prière est un acte d’amour et une attitude vraie dans l’humilité. On prie parce qu’on aime et qu’on se sait aimé. Il y a ici une dynamique qui a fait ses preuves dans l’histoire chrétienne et qui est notre tradition la plus forte. La prière révèle notre vie et nos attitudes. Elle sonde notre cœur et purifie notre âme. Elle est filiale.
— Père Francis
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