« Mon royaume n’est pas de ce monde »
(Jean 18, 33-37)
Nous concluons aujourd’hui l’année liturgique. Cette fête est comme un résumé de l’année parcourue et comme une anticipation de l’année qui commence. Oui, le Christ est roi et sa vie en est la preuve, sa Résurrection l’a désigné en tant que tel. Oui, nous attendons sa venue à la fin des temps mais célébrons sa venue dans le temps à Noël. Et Noël approche. Ce titre reprend tout un parcours de l’Ancien Testament, de la proclamation de Dieu comme roi d’Israël à l’institution du premier roi d’Israël, aux relations houleuses entre les rois et les prophètes, à l’usurpation de la royauté à la dynastie de David… Ce titre revient dans l’Évangile avec le lien entre Jésus et David… On peut affirmer donc que le Christ est roi et que sa royauté est légitime par David et spirituelle par son application. Son Royaume contient l’univers et plus. Il s’étend au monde invisible. Il atteint Dieu. Nous chantons son royaume comme un royaume de vérité et de paix. Nous attendons qu’il s’établisse définitivement dans nos vies et dans le monde. Cette attente est faite de tension et de choix. Elle nous met en présence de Dieu.
- 1. Le Christ Roi.
Affirmer la royauté du Christ, c’est le placer dans la continuité du règne davidique. C’est aussi annoncer un règne selon le cœur de Dieu. C’est entrer dans le mystère de la volonté divine. C’est toucher l’univers et l’éternité. L’épisode relaté aujourd’hui dans le Prétoire de Pilate montre bien la distance entre celui-ci et Jésus, entre le mondain et le spirituel, entre le politique et le théologique. Pilate ne comprend pas Jésus. Jésus en dit le moins possible. Une incompréhension qui remet les choses en place. Accuser Jésus de vouloir renverser César n’est pas fondé mais que Jésus soit plus que César, c’est ce que Pilate ne perçoit pas.
Fils de David : par Joseph, Jésus est descendant de David, de la famille royale et du clan de David. Il peut prétendre au trône car Hérode l’a usurpé. Le clan de David avait été écarté et était tenu sous surveillance. Sans moyen financier et sans armée, il ne pouvait réclamer son droit. Mais le peuple de Dieu le sait et ne respecte pas le collaborateur Hérode. Il attend le messie qui établira la royauté légitime. « Jésus, fils de David » disait Barthimée. Il y a identification entre le roi charismatique de descendance davidique et le messie envoyé divin. Jésus est donc roi d’Israël.
Fils de Dieu : Jésus pourtant refuse d’être roi selon le désir du peuple car celui-ci attend un libérateur politique ou un roi pourvoyeur de bien matériel. On se souvient qu’après la multiplication des pains, le peuple veut en faire son roi parce qu’il a reçu à manger. On se souvient des Zélotes qui cherchent un chef dans la lutte armée. Jésus est roi parce qu’il est de la famille de David mais aussi parce qu’il est Fils de Dieu. Son Règne ne s’établit pas dans la violence ni dans la lutte guerrière. Il dépasse les frontières d’Israël et s’étend à toute la terre, à l’univers même. Israël devait être le témoin de l’unité de Dieu et de sa volonté. Il s’enfermera dans l’idéalisation de son élection en écartant les autres. Jésus va aller au-delà des limites pour toucher chaque homme et femme et en faire un enfant de Dieu. Les peuples de la terre sont appelés à entrer dans le nouvel Israël qu’est l’Église afin de former un seul Peuple, le Corps du Christ mû par l’Esprit Saint. Jésus est roi
Roi de l’univers : il est bon de relier cette royauté avec la Résurrection car c’est là que prend corps la « prétention de Jésus ». Il est roi, oui, de l’univers et du monde surnaturel par ce qu’il est le Fils et que sa mission est accomplie, qu’il est vainqueur, qu’il est Dieu. Le Dieu roi d’Israël, c’est le Christ et ce Dieu est roi de l’univers. Le Christ est roi de l’univers. Jésus a conscience qu’il ne peut s’enfermer dans des querelles partisanes ou même répondre aux tentations du diable qui lui présente les règnes humains. Qu’a-t-il à faire de ces règnes corrompus et contingents ? Qu’a-t-il à faire d’autorité mondaine sur des règnes limités et temporels ? Son Règne englobe l’univers et le monde céleste. Son Règne est divin. Sa gloire est divine et l’univers est son trône.
Dans le dialogue entre Pilate et Jésus s’éclaire l’incompréhension entre le mondain et le divin, entre l’ordre terrestre et l’harmonie céleste. Pilate a peur de la sédition et de la rébellion. Jésus propose un règne d’amour et de justice enraciné dans l’amour du Père. Pilate reste les pieds sur terre dans une vision horizontale. Jésus s’enracine en terre dans une vision verticale. Son Règne dépasse les limites d’Israël et même du grand empire romain. Il atteint le Ciel et couvre tous les espaces et les temps de l’histoire.
- 2. Nous sommes rois avec le Christ.
Le jour de notre baptême, nous devenons prêtres, prophètes et rois. Nous recevons même l’onction du Saint Chrême comme signe de consécration royale et sacerdotale. C’est un signe fort et important car nous régnons avec le Christ. Prêtres pour offrir le sacrifice unique du Christ et nous offrir avec lui. Prophètes pour proclamer la vérité de l’Évangile. Rois pour transformer le monde et l’orienter vers la paix et la justice au nom de Dieu. Unis au Christ, nous sommes de race royale.
Il règne en nos cœurs : Jésus doit être le roi de nos vies parce qu’il est le Fils et que par lui nous entrons dans l’intimité du Père. Il est la Vérité, la Lumière et la Vie. En lui, tout prend forme et tout s’éclaire. Il doit avoir la première place en nos cœurs assoiffés d’amour et de vérité. Il doit régner dans nos vies. Il doit prendre toute la place. Sa royauté croît d’abord en nous pour s’étendre au monde et atteindre l’univers. C’est lui que nous portons. C’est de lui que nous sommes témoins. C’est en lui que nous vivons.
Nous régnons avec lui : l’Apocalypse est claire, nous sommes invités à monter sur le trône avec l’Agneau et à régner avec lui. Les élus participent de la victoire et de la gloire du Christ. Mais comme il ne s’agit pas d’un règne mondain et limité, à nous de régner avec la force de l’amour et de la vérité dans la communion de la Trinité. Finalement, régner éternellement avec le Christ c’est aimer éternellement par lui et en lui et vivre éternellement au cœur de la relation trinitaire.
- 3. Conclusion : Royaume de communion.
Le Christ est roi. Il est de la descendance de David. Il a Dieu pour Père et son règne s’étend sur le Peuple de Dieu.
Le Christ est roi mais son règne s’étend à tout l’univers car il est le Fils de Dieu vainqueur de la mort.
Le Christ est roi car le Père l’a établi et lui a donné cette royauté qu’il partage avec ses frères et sœurs. Elle est éternelle.
Le Christ est roi et son règne c’est d’aimer par nos cœurs pour aimer pour toujours en Dieu.
P. Francis