« Que devons-nous faire ?
(Luc 3, 10-18)
Noël approche à grand pas. Nous sommes déjà à mi-chemin. C’est le dimanche de la joie, le dimanche de la certitude de la venue du Sauveur. Nous attendons le Seigneur de tout notre cœur. Il est venu et il reviendra, nous en sommes convaincus. Il revient à chaque instant car sa Résurrection l’a rendu présent en tout temps et en tout lieu. Sa présence en nos cœurs est certaine car il est amour et l’amour ne se lasse pas de retrouver l’être aimé. L’Avent nous entraîne vers cette rencontre extraordinaire, vers cet échange surprenant, vers la communion enfin possible. Le Seigneur vient, nous devons nous préparer, changer de vie, ajuster nos habitudes, réveiller la foi et l’espérance. Avant même tout ajustement, il s’agit de s’attacher au Seigneur et de le rencontrer. Notre approche spirituelle est nécessaire avant notre approche morale. C’est notre communion dans l’amour qui portera au changement éthique. La conscience du Seigneur qui vient éclaire la conscience sur les attitudes et les habitudes, sur les choix et les pratiques. Jean le Baptiste nous aide à ajuster notre vie à la venue du messie. Marie nous aide à conformer notre vie au « oui » initial. Revenons à notre choix fondamental pour entreprendre un chemin de conversion qui portera au Royaume.
- 1. Préparation spirituelle.
Notre pratique et nos mœurs dépendent de notre vision de Dieu mais surtout de la relation établie avec lui. Si Dieu est un juge implacable, nous agirons sous la contrainte. Si Dieu est un dictateur suprême, nous le craindrons plus que nous ne l’aimerons. Si Dieu est Père, nous établirons une relation filiale qui facilitera le changement de comportement ou plutôt, nous ajusterons notre comportement en fonction de notre identité filiale. Laissons-nous emporter par la révélation en Christ
Convertir notre vision de Dieu : avons-nous conscience que Dieu est Père ou sommes-nous influencer par d’autres visions ou approches religieuses ? Il est difficile de croire en la miséricorde absolue du Père, au salut universelle du Fils, à la présence active et aimante de l’Esprit Saint. Notre Dieu est amour et donc communion. Il est Trinité. La création est une œuvre d’amour comme aussi la Rédemption et la Résurrection. L’Esprit se meut dans le monde et en nos cœurs pour rétablir une relation dévoyée par le péché et pour faciliter la communion. Les relations trinitaires éternelles nous sont accessibles. L’éternité nous est ouverte dans l’amour.
Convertir notre façon de prier : on ne prie pas Dieu de la même façon selon la vision que l’on a de lui. On prie avec crainte ou avec cœur. On prie par peur ou par amour. On prie librement ou sous contrainte. Notre Dieu est amour et nous invite à la rencontrer. Il n’y a aucune peur et aucune aversion à s’approcher de lui. Il y a un cœur-à-cœur libre et aimant. Dieu nous invite et nous répondons en liberté. La prière est alors l’expression du cœur qui chavire à l’idée de l’autre et qui s’émeut à le rencontrer. Seul l’amour permet une relation libre et saine.
Convertir notre approche du monde : si Dieu est amour, il est Trinité. Ce monde est son œuvre. Il reflète la beauté de la Trinité et la grandeur de son amour. On ne peut que le préserver, le défendre, l’embellir. On ne peut que souhaiter plus de paix et de justice entre les hommes et ainsi lutter contre l’oppression et l’injustice. Il y a toujours ce risque de faire du monde un monde inhumain à cause de l’orgueil et de l’égoïsme mais il y a toujours le risque d’aimer et de lutter pour en faire un lieu vivable pour tous. Est-ce illusion que de croire que c’est possible ? Notre vision de Dieu et la force de la prière nous aident à agir en conséquence, unis au Christ vainqueur et dans la force de l’Esprit du Père et du Fils.
Nous aimons Dieu car il s’est révélé amour. Nous l’approchons avec ferveur et dévotion car il s’est manifesté en notre chair par le Christ. Nous le prions filialement car il nous donne l’Esprit des fils et filles. La première révolution intérieure ou conversion consiste à communier à la Révélation et à nous conformer à notre vocation filiale. Ainsi, notre attitude et notre agir s’en trouveront transformés.
- 2. Préparation morale.
Il est plus facile d’aborder la question éthique quand la vision religieuse ou spirituelle est claire. Un Dieu Père demande une attitude filiale. Un Dieu communion demande des choix éthiques justes. Un Dieu trinitaire demande une vérité intérieure conséquente. La morale dépend de notre spiritualité et de notre théologie, de la place de Dieu et de la place de l’homme, de notre relation au monde et aux autres, de la vérité de notre vie.
Morale filiale : avons-nous conscience que nous devons agir en fonction de notre vocation filiale ? Il s’agit d’un agir de fils/fille, d’une approche nouvelle et véridique qui correspond à ce que nous sommes. On considère parfois la morale comme l’application de lois externes souvent incompréhensibles. De fait, la loi morale veut définir des normes qui correspondent à notre nature humaine (loi naturelle) et à notre vocation filiale (loi révélée). Il ne peut y avoir contradiction entre les deux puisqu’il s’agit du même Seigneur à l’origine de la création (nature) et de la révélation (Écritures et Tradition apostolique). Mon agir est toujours filial et donc humain. Être homme ou femme, c’est être fils ou fille du Père en Christ dans l’Esprit Saint.
Éthique trinitaire : avons-nous conscience que nous devons agir en fonction du critère ultime qu’est l’amour ? C’est dans l’amour qu’on trouve les forces pour agir, pour revivre, pour transformer le monde. C’est dans l’amour que les normes trouvent leur sens et leur force. C’est dans l’amour que nous grandissons en humanité et en esprit filial. Dieu est amour et tout prend source en lui. L’amour est notre jardin intérieur qui indique quoi faire et quoi dire, comment le faire et comment le dire, pourquoi le faire et pourquoi le dire. L’amour est la source de notre éthique chrétienne trinitaire.
- 3. Conclusion : quand l’amour inspire notre vie.
L’Avent est un temps de conversion : convertir notre vision de Dieu et nos mœurs.
L’Avent est un temps de réflexion sur notre approche de Dieu et notre façon d’agir.
L’Avent nous invite à nous christianiser toujours plus en réajustant notre relation avec Dieu et les autres.
L’Avent est un retour : retour vers le Père par le Fils dans l’Esprit Saint, retour vers nous-même pour nous accepter en tant que fils/fille et agir en conséquence.
L’Avent nous aide à harmoniser notre humanité pour être vraiment fils/fille du Père dans l’amour. De fait, nous croyons qu’être enfant de Dieu c’est grandir en humanité.
P. Francis