JEUDI SAINT

« Au cours du repas… »

(1 Cor 11, 23-26 ; Jean 13, 1-15)

Nous entrons dans le Triduum pascal. Trois Jours saints qui vont nous plonger dans le mystère de la miséricorde divine et de l’amour trinitaire. Ces Trois Jours revêtent un sens particulier pour nous. Non seulement ils relatent les derniers moments de Jésus, mais ils révèlent l’identité de Dieu, sa nature, sa vie, sa volonté. A travers le Christ va se déployer la Révélation définitive commencée avec Abraham et poursuivie tout au long de l’histoire biblique. Alors que le Christ souffre et meurt, on découvre le pardon, la miséricorde, la beauté divine. Alors que le Christ ressuscite, on découvre la grâce, la communion, l’amour éternel. La Semaine Sainte ne peut être abordée qu’avec humilité et confiance. Les Trois Jours ne peuvent être vécus qu’avec la clé de l’amour et de la miséricorde. N’est-il pas merveilleux que Dieu se révèle à travers notre histoire, à travers un homme innocent injustement condamné, à travers les affres de nos vies ? Il fallait que Dieu fût amour pour aller jusqu’au bout de sa volonté salvifique. Ce premier jour du Triduum nous entraîne dans la mission du Christ : se donner, servir, révéler. Il nous donne l’Eucharistie comme source suprême du culte nouveau et de spiritualité, et du même coup, le sacerdoce comme service du Peuple de Dieu et signe de sa Présence vivante. Il met le service fraternel au cœur de nos relations et de l’autorité. Le Dieu qui aime nous a précédés. Il nous étonne toujours.

  1. 1. Le repas de l’amour.

Le Jeudi Saint est consacré à la bénédiction des Saintes Huiles et au renouvellement des promesses sacerdotales. Les Huiles (le Saint Chrême, l’huile des catéchumènes et l’huile des malades) sanctifient le Peuple de Dieu et mettent Dieu à portée de nos vies. Le sacerdoce agit in Persona Christi et signifie la présence du Royaume parmi nous. Le Jeudi Saint commémore aussi la Dernière Cène et le don de l’Eucharistie comme présence du Christ ressuscité parmi nous. Mort et Résurrection s’unissent pour nous donner la vie éternelle et nous plonger dès maintenant dans l’amour trinitaire.

Eucharistie, participation au mystère du Christ : on ne répète pas la Dernière Cène, on y participe. Jésus ne se sacrifie pas à nouveau, il l’a fait une fois pour toute. L’Eucharistie n’est pas le souvenir du passé, aussi significatif soit-il, elle est mémoire vivante et actuelle de la Passion, Mort et Résurrection du Christ. On ne se penche pas sur le passé pour en rêver mais on participe à une œuvre en acte, un moment éternel, un salut d’actualité, une présence réelle. Tous les sacrements nous mettent en présence de Dieu par la grâce de la Résurrection et l’action de l’Esprit Saint. L’Eucharistie nous plonge dans une éternité qui sourd du temporel et du fini. On goûte alors cette union entre le Ciel et la Terre, entre Dieu et l’humanité par le Christ, Homme et Dieu, dans l’Esprit Saint.

Eucharistie, action de grâce du Peuple de Dieu : on ne se morfond pas dans un passé peccamineux déjà pardonné mais on regarde l’avenir avec espérance. On rend grâce au Père pour la vie et le sacrifice du Fils et on exulte dans l’Esprit d’amour. L’Eucharistie est une action de grâce, un remerciement permanent, une communion en acte. Elle nous plonge dans la louange céleste et nous met en communion avec l’Église universelle, au Ciel et sur Terre. Il est toujours étonnant, même lors des funérailles, lors de troubles sociaux ou pendant les persécutions, de dire : « Il est juste et bon de te rendre grâce, de t’offrir notre action de grâce toujours et en tout lieu, à toi Dieu le Père Tout-Puissant… ». La Louange est permanente et éternelle.

Eucharistie, communion trinitaire : nous célébrons le Père à travers le Christ dans l’Esprit. Il n’y a pas de plus belle prière trinitaire que la messe. Nous offrons et nous nous offrons avec le Christ pour la plus grande gloire du Père dans l’Esprit du Père et du Fils. L’Esprit agit et rend présent le sacrifice du Christ. Le Christ s’offre en permanence. Le Père est glorifié par la gloire du Fils et de l’Esprit. L’amour éclate et se repend sur nous comme il circule entre les Personnes Divines. La communion eucharistique est une participation à la liturgie céleste et une plongée dans la communion éternelle trinitaire.

Eucharistie, peuple sacerdotale : par notre baptême, nous sommes tous prêtres, prophètes et rois, tous aptes au culte nouveau, unis au seul Prêtre de la Nouvelle Alliance, le Christ Jésus. Le sacerdoce baptismal est réel. Certains sont pourtant choisis pour exercer le sacerdoce ministériel, pour participer de façon visible au sacerdoce du Christ et servir le Peuple de Dieu. Ce sont nos prêtres ou presbytres. Il n’y a pas d’opposition entre les deux, participants de l’unique sacerdoce mais une interaction et une communion. Il y a un équilibre qui fait de nous tous les vrais adorateurs du Père par le Christ dans l’Esprit.

La Dernière Cène exprime tout l’amour de la Trinité pour les croyants et tout l’amour des croyants pour le Dieu Un et Trine révélé, dans l’Esprit, en Christ ressuscité.

  1. 2. Le service par amour.

L’Évangile de Jean tient pour acquis cette vérité et ne reporte pas les Paroles de Jésus à la Dernière Cène. On effet, les communautés chrétiennes célébraient l’Eucharistie comme culte nouveau depuis la Résurrection. Il rapporte par contre le Lavement des pieds comme signe sensible et concret du service fraternel. Là aussi, il n’y a pas contradiction mais interaction et complémentarité.

Aimer c’est servir : Jésus donne l’exemple. Il aime, il sert. Il est venu pour servir et sauver. Il va nous sauver en servant son Père. Son service est profond et vrai parce qu’il sourd de l’amour. L’Action de grâce eucharistique se poursuit dans le service des autres et prend toute sa grandeur dans l’amour des autres.

Servir en aimant : non pas devoir mais action spontanée, le service n’est réel que dans l’amour. C’est l’amour qui nous pousse à aimer et donc à servir. Se mettre à la dernière place, comme celui qui lave les pieds des autres, est un acte d’humilité et d’amour. Il identifie au Christ serviteur qui est allé jusqu’à répandre son sang par amour. Voici une voie pour notre conscience et notre éthique.

  1. 3. Conclusion : une vie donnée par amour.

Le Jeudi Saint nous informe de la vérité des sacrements et de leur efficacité dans le Ressuscité. Les Huiles Saintes sanctifient et consacrent le Peuple de Dieu.

Le Jeudi Saint fait de nous en Christ un Peuple sacerdotale, aidé en cela par les presbytres/prêtres participants de façon spéciale au sacerdoce du Christ.

Le Jeudi Saint nous fait participer à la Dernière Cène comme action de grâce et service. La Trinité, louée et exaltée, se donne par amour et nous attire dans l’amour. Sa vie n’est qu’amour.

P. Francis

 

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