« Es-tu celui qui doit venir ? »
(Mat 11, 2-11)
Nous voici déjà à la mi Avent. Le temps presse. Les fêtes pointent déjà. Noël s’annonce. La tension monte. Nous voulons célébrer Noël de toutes nos forces. On risque parfois de céder aux pressions de la consommation ou à l’aspect laïc de la fête. On est toutefois invité à rester dans l’esprit de Noël avec toute sa spiritualité, sa beauté et sa profondeur. Le Seigneur vient. Il ne tarde plus. Il est à nos portes et se fait connaître. L’événement est à préparer. La rencontre est à désirer. L’émerveillement nous attend car le Messie annoncé vient et ce messie c’est Dieu lui-même. Dieu avait promis le salut depuis la rupture des origines. Il tient promesse et se tient à la porte. Jean le Baptiste nous aide à recevoir l’Agneau de Dieu. Des signes sont donnés. On ne peut se tromper. C’est bien lui qui accomplit l’Œuvre de Dieu et qui nous ramène au Père. Ce dimanche est un dimanche de joie car l’espérance jaillit en nous. La foi s’illumine. L’amour se répand.
- 1. L’Envoyé
La question de Jean Baptiste est touchante. Il court sur nos lèvres : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? ». De sa prison, le Baptiste doute car il ne voit pas la fulgurante revanche de Dieu, celle qu’il espérait et prêchait. Dieu ne devait-il pas renverser toute chose et rétablir son Règne ? En Jésus, il semble que les choses soient différentes. Les signes pourtant ne mentent pas. Ce sont les signes messianiques attendus mais donnés de façon nouvelle et étonnante. La transformation souhaitée est une transformation intérieure qui vient de Dieu lui-même.
Jésus accomplit les signes : de fait Jésus énumère les signes qui annonçaient le Messie. Il guérit, purifie, donne vie. Il annonce la Bonne Nouvelle aux pauvres. C’est là l’Œuvre de Dieu qui vient rencontrer son peuple. On lira durant cet Avent toutes les prophéties concernant le Messie et on verra à quel point elles s’appliquent à Jésus. Il faut comprendre que tout se passe dans l’amour et que même la vengeance de Dieu est un acte d’amour. Sa miséricorde est infinie. Son amour fait qu’il vient lui-même parmi nous. Il veut paître ses brebis lui-même. Le Baptiste pouvait-il comprendre cela ? Il sera pourtant le passage entre l’Ancienne et la Nouvelle Alliance.
Jésus enseigne la loi nouvelle : de fait Jésus prêche l’essentiel de la loi divine. Il vient rétablir la Parole incomprise. Il accomplit l’Ecriture et ouvre à son sens. Avec lui, on touche le cœur de Dieu. Par lui, on entre dans l’intimité de Dieu. En lui, on devient fils/filles. La grâce qui émane du Christ est divine. Sa parole est Parole de Dieu. Ses gestes sont salutaires. Ses signes sont des miracles. Sa vie est un chant de vie et sa mort est source de salut. Sa Résurrection nous plongera dans l’amour trinitaire. Le Baptiste pouvait-il comprendre cela ? Il sera pourtant le plus grand parmi les enfants des hommes.
Jésus donne le salut : de fait, Jésus touche l’être pour l’emporter en Dieu. Son Incarnation a touché le plus profond de la personne humaine. Sa naissance est une joie pour l’univers visible et invisible. Les prophètes annonçaient le salut, Jésus le réalise. Les prophètes proclamaient la vérité, Jésus est la Vérité. Ils parlaient au nom de Dieu, Jésus est Dieu parmi-nous. On reçoit gratuitement le salut grâce à la foi et au baptême dans l’eau et l’Esprit. Rien d’extérieur. Tout est réalisé en Christ. Toute notre personne est impliquée dans ce mouvement salvifique. On est sauvé tout entier. Le Baptiste pouvait-il comprendre cela ? Il sera pourtant invité lui-aussi aux noces de l’Agneau.
Jésus est le Fils de Dieu : de fait, Jésus se révèle Dieu. Mise à part la Vierge Sainte, il aura fallu du temps aux disciples et apôtres pour comprendre la nouveauté absolue du ministère et de la mission de Jésus. C’est bien par sa mission que l’on découvre son identité. Son identité révélée à Pâques vient illuminer sa mission. L’incroyable se produit : Dieu est parmi nous. Dieu s’incarne. Dieu nous rejoint. Dieu est l’un de nous. Il prend notre chair pour qu’on prenne sa divinité. Echange admirable qu’il faudra intégrer et qui nous étonne encore aujourd’hui. Le Baptiste pouvait-il comprendre cela ? Il sera pourtant le dernier martyr de l’Alliance Ancienne ouvrant la voie aux martyrs/témoins de la Nouvelle Alliance.
Nous pouvons répondre à la question de Jean Baptiste : oui, c’est Jésus le Messie. Le Messie se découvre par les signes qu’il accomplit. Sa vie va pourtant nous emporter plus loin. Parole de feu, sa parole est Verbe divin. Sa Résurrection va transfigurer nos attentes. Tout est donné en Christ car il est le Fils de Dieu.
- 2. Joie de croire
L’Avent nous prépare à la rencontre du Christ. On connaît bien sa vie et son Œuvre mais on veut approfondir sa foi. Il est nécessaire de se convertir encore et encore pour lasser briller en nous la joie de la foi, les feux de l’espérance et la beauté de l’amour.
Joie intérieure : la joie chrétienne est ontologique. Elle sourd de notre cœur et inonde notre être. Elle est le reflet de cette rencontre transformante et de cette communion transfigurante. Elle se nourrit de l’amour. Elle grandit dans la communion. La joie a envahi notre être quand le Christ est né, quand il est ressuscité, quand il nous a introduits à la présence du Père. La joie ne nous quitte plus car nous sommes les enfants du Père miséricordieux,
Joie communautaire : la joie chrétienne est communautaire. On est sauvé ensemble. On contemple Dieu ensemble. Ainsi on célèbre ensemble et on vit ensemble dans l’Eglise. La joie se partage et se communique. Elle est le signe d’une Eglise vivante et dynamique. Elle anime notre pastorale et notre enseignement. Elle préside aux sacrements. Elle se consume dans l’Eucharistie.
Joie de la communion : la joie chrétienne est joie dans la communion. Communion des Personnes Divines qui la partagent. Communion des enfants de Dieu qui la vivent. Communion proposée à un monde qui en demande. Communion des mondes et des univers qui se réconcilient. Communion en la Sainte Trinité de toute créature rétablie dans sa beauté originelle. La communion trinitaire est source de la vraie joie.
- 3. Conclusion : une attente joyeuse.
Noël approche, revêtons les habits de fêtes et avançons vers la salle du banquet.
Noël approche, animons nos communautés à accueillir le Fils de Dieu
Noël approche, décorons notre vie de miséricorde dans l’amour et non seulement nos maisons et nos rues.
Noël approche, recevons le cadeau le plus beau et le plus grand que Dieu puisse offrir : son Fils Jésus-Christ, Seigneur et Roi de l’univers, notre Frère. Notre joie est ainsi comblée
P. Francis