AVENT 4 A

« Tu lui donneras le nom de Jésus (le Seigneur sauve) »

(Mat 1, 18-24)

Nous entrons dans la dernière ligne droite avant Noël. Les choses se précipitent. La liturgie s’intensifie avec la traditionnelle neuvaine de Noël. Les fêtes se préparent matériellement et spirituellement. On court encore pour que tout soit prêt. Que tout soit prêt ? Qu’est-ce donc qui doit être prêt ? N’est-ce pas notre cœur, notre raison ? Notre cœur veut accueillir le Grand Roi. Notre raison veut comprendre la merveille qui s’annonce. Noël va nous enthousiasmer et nous émerveiller. En effet, c’est Dieu qui vient. C’est Dieu qui se fait connaître par le Christ. C’est Dieu qui se dévoile en naissant dans notre monde. Comment comprendre cette vérité révélée ? Accueillir le Christ comme le Fils dans l’Esprit est le seul chemin menant vers le Père. De Créateur, il devient Sauveur pour notre sanctification. Le Dieu Unique se découvre le Dieu Trine. L’amour est au cœur du mystère.

  1. 1. Le messie accomplit les promesses.

Dieu avait promis un sauveur, un renouvellement, un changement. On attendait donc ce messie. Les prophètes avaient annoncé sa venue et son action. Il devait rétablir la souveraineté de Dieu sur son peuple et sur le monde. Les relations avaient été rompues par le péché de l’homme. Il fallait donc une initiative divine pour restaurer ce qui avait été brisé. La mission du messie est de rétablir les liens et de révéler l’amour de Dieu

Dieu pardonne : le messie se doit de porter le pardon de Dieu. Dieu a voulu établir une alliance qui a été bien des fois violée. Cette tendance au mal est une conséquence du péché originel. Nous dévoyons la liberté. Nous abusons de notre libre arbitre. Nous nous enfermons dans des prisons. Le messie vient briser ce cercle de mort pour promettre la vie de Dieu, vie innocente et pure, vie libre et gracieuse. Jésus va nous entrainer sur cette voie en remettant l’amour au centre de notre vie.

Dieu libère : le messie doit nous libérer de toute entrave. Dieu veut-il des serviteurs, des esclaves ou des partenaires ? Veut-il un peuple d’esclaves pour le servir ? S’il donne sa Loi, c’est pour baliser le terrain de la vie. S’il demande l’obéissance c’est pour donner sens à la vie. S’il établit un culte, c’est pour rencontrer l’humanité et la bénir. Jésus va nous éclairer sur la puissance de la loi divine, sur la liberté des enfants de Dieu et la spiritualité du culte nouveau.

Dieu accueille : le messie ouvre la possibilité d’une relation nouvelle avec Dieu. Il redresse les cœurs meurtris et apeurés. Il dévoile le vrai visage de Dieu et révèle sa miséricorde. Il ne s’agit pas d’un Dieu dictateur même s’il est le Maître. Il ne s’agit pas d’un Dieu courroucé même s’il est puissant en amour. Il s’agit d’un Dieu qui quémande une alliance et qui se fait proche pour parler avec sa créature. Jésus va nous redire toute la puissance de Dieu mais une puissance d’amour, un tourbillon de miséricorde, un puit sans fond de communion et de partage.

Dieu fait de nous des fils /filles : le messie doit redire la proximité de Dieu qui a choisi un peuple pour bénir tous les peuples, qui a parlé à certains hommes et certaines femmes pour parler à tout homme et toute femme, qui a guéri un petit nombre pour guérir la multitude. Ce désir divin est certainement le plus méconnu et le plus problématique. Sommes-nous si profondément blessés pour ne même pas comprendre et accepter cet amour qui nous poursuit ? Nous préférons l’esclavage à la filiation, les chaines à la liberté, l’idéologie à la grâce. Jésus va nous montrer le chemin vers le cœur du Père qui fait de nous ses enfants dans la lumière de l’Esprit Saint.

Les promesses semblaient trop belles. Elles l’étaient. Elles devaient produire de la paix, de la joie, de la prospérité et de la grâce. Elles restaient à fleur de peau sur un peuple meurtri, petit et insignifiant. Elles se devaient de façonner une personnalité apte à la vie et à la lumière. C’est en Jésus Christ que ces promesses vont s’intensifier et s’épanouir.

  1. 2. Le messie dépasse les promesses

Marie accueille la Bonne Nouvelle de la naissance du messie. Joseph accepte de changer son plan de vie pour que le salut se fasse. Pouvaient-ils penser un instant être ceux qui devaient protéger et éduquer le messie ? L’annonce à Marie (en St Luc)  et l’annonce à Joseph (en St Matthieu) insistent sur l’origine divine du messie à naître. Marie donne sa chair. Joseph donne le nom. Marie est pleine de grâce, Joseph est droit et pieux. L’un et l’autre vont accueillir le messie comme le Fils de Dieu. C’est la nouveauté absolue de cette annonce : le messie est le Fils de Dieu ! Comment comprendre que Dieu entre dans le monde ? Comment comprendre qu’il va dépasser les promesses pour nous introduire dans sa communion ? Marie et Joseph accueillent cette nouvelle avec leur foi et leur amour. Ils mettent leur projet de couple au service du salut. Ils vont former la Sainte Famille.

Le messie, c’est Dieu lui-même : il aura fallu du temps pour accepter cette Bonne Nouvelle. Marie et Joseph l’ont acceptée. Les Apôtres prendront leur temps. Le peuple élu se divisera sur le sujet. Les peuples du monde vont s’enflammer sur la question. Dieu est venu parmi nous. Il a assumé notre chair, notre vie humaine, notre indignité, nos limites. Il assume et relève. C’est dire qu’il va donner une dignité nouvelle à la personne humaine, à la matière, à la chair, à la vie. Il insufflera son Esprit divin pour que nous le rejoignions dans l’éternité. La dignité humaine rejoint la filiation divine. On est homme/femme parce qu’on est fils/fille de Dieu !

Le messie, c’est Dieu avec nous : tout va changer désormais. Si Dieu est avec nous, qui sera contre nous ? Le quotidien est un lieu de rencontre. L’amour est le chemin vers Dieu. La morale est une recherche du bien et de la liberté dans l’amour. Le politique cherche le bien commun. La vie sociale est solidarité, entre-aide et attention aux plus démunis. La spiritualité est communion trinitaire. Le culte est action de grâce. Le rite nous plonge dans le mystère. Les Sacrements nous font toucher Dieu. La vie chrétienne est sacrifice et joie.

  1. 3. Conclusion : Dieu-avec-nous.

Ces derniers jours de l’Avent sont un temps de paix et de joie. Nous attendons la fête de Noël. Nous attendons la venue du Christ. Il est certes déjà venu dans le temps et l’histoire, il reviendra en gloire. Il vient dans notre vie et établit sa demeure en nous.

L’Avent, c’est se préparer à accueillir le mystère de cet homme révélé Fils de Dieu. Ses faits et gestes vont nous questionner mais aussi nous enthousiasmer. Ils disent Dieu aujourd’hui.

L’Avent c’est se remémorer les promesses de Dieu et leur accomplissement en Jésus Christ. Des promesses belles et touchantes qui vont exploser en Christ et atteindre un niveau de spiritualité, de théologie et de réalité époustouflant. Dieu se donne Lui-même. Quoi de plus beau et joyeux ?

P. Francis

 

This entry was posted in 2017, Année A, Avent, Français, Père Francis. Bookmark the permalink.