« Revêtez votre cœur de tendresse et de bonté »
(Col 3, 12-21 ; Mat 2, 13-15. 19-23)
Le temps de Noël est un temps familial. On aime se retrouver, s’embrasser, se congratuler. On s’offre des cadeaux et on exprime son affection et sa tendresse. Les différents sont oubliés et on accorde son pardon. Noël favorise la réconciliation et les retrouvailles. Il a suffi d’un enfant dans une crèche pour venir à bout de nos discordances et de nos tensions. Probablement, certaines situations nous semblent insurmontables mais il reste comme un poids sur le cœur tant qu’elles ne sont pas résolues. Noël, c’est l’entrée de la lumière dans nos cœurs et de la paix dans nos vies. Le Messie a annoncé un temps de paix et de bonté et on veut y croire malgré tout, malgré notre scepticisme et nos ‘réalismes’ qui bien souvent bloquent nos décisions. Au cœur de cette fête, une famille : un couple et un enfant. Dans la simplicité de leur vie et de leur amour, tout l’amour de Dieu s’exprime et se révèle. Dieu aurait-il choisi l’exemple de la famille pour dire quelque chose de Lui-même ? Pour dire la communion qui existe en Lui-même ? Pour dire l’importance d’aimer et d’être aimé ? Au-delà des images mielleuses de la ‘Sainte Famille’, c’est une histoire d’amour qui se déroule sous nos yeux.
- 1. Valeurs spirituelles
On peut longtemps s’affliger des déboires de la famille dans le monde actuel. On regrettera les trahisons et les divorces, les familles monoparentales ou homoparentales ou multi parentales. On se lamentera des enfants élevés par la télévision ou éduqués par internet. On s’attristera du manque d’amour qui tourne au drame et suscite la violence. On regardera avec nostalgie ces familles qui tentent le tout pour le tout afin de rester unies ou de créer un esprit familial… La famille reste de fait une référence dans nos sociétés et même si on attaque sa conception trop traditionnelle, on la regrette et on en rêve. Alors que beaucoup de références ont disparu, la famille est la seule institution qui résiste, se transforme peut-être mais se transmet en tout cas. La Sainte Famille nous aide à comprendre et à envisager une harmonie possible enracinée dans des valeurs spirituelles.
Enracinés dans le Dieu Amour : si on sort Dieu de la famille, on risque de déstabiliser sa structure et sa consistance. Il en est de même dans nos vies. Dieu n’est pas seulement une ‘norme extérieure’ qui nous porte l’objectivité face au vécu, il est notre Père et par là même, il est amour. Comme seule norme objective, Dieu peut sembler une contrainte et c’est pourquoi beaucoup s’en sont défaits. Ils n’ont jamais eu ce rapport personnel et affectueux avec ‘Celui qui parle au cœur’ (Mat 6, 6) ou par son Fils Jésus, avec «notre Père qui est aux cieux » (Mat 6, 9). Il est important de revoir notre conception du divin et de nous assurer que nous sommes bien ‘chrétiens’, c’est-à-dire que nous croyons bien dans le ‘Père de Jésus Christ par la force de son Esprit’. Si ce Dieu est celui du Christ, alors il est communion et communication. Il est amour. Aimer est le chemin qui porte vers lui.
Enracinés dans notre humanité : si on met de côté notre équilibre humain, on risque de déstabiliser la famille. Personne, certes, n’est parfait mais tous nous recherchons un minimum d’équilibre et d’harmonisation. Cet équilibre est le quotidien de la famille et de la vie sociale. Il s’agit d’éviter le rêve et de se centrer sur la réalité et de cette réalité, aborder une vie la plus en harmonie possible. Harmonie avec soi-même et donc possible avec les autres. Les trop grands problèmes portent préjudices à la paix familiale et peuvent rompre les équilibres fragiles. On a aujourd’hui des moyens de se retrouver et si besoin de se soigner. Une saine base humaine, vivifiée par l’Esprit, est donc nécessaire.
Enracinés dans une vie spirituelle : si notre conception de Dieu est fondamentale et si un équilibre humain est nécessaire, une vie spirituelle intense est tout aussi importante. Il est toujours triste de constater à quel point on délaisse cet aspect et qu’on manque ainsi gravement à l’éducation de nos enfants. La vie spirituelle vient soulever et illuminer notre quotidien. Elle donne du sens et répond à nos questions. Elle fortifie le vécu et donne courage dans les épreuves. Elle décentralise et relativise car elle se fixe sur l’essentiel et remet le Dieu d’amour au centre. « Que sert à l’homme de gagner l’univers, s’il vient à perdre son âme ? » (Mat 16, 26). On ne pourra prétendre à la générosité, à la bonté, à la créativité, à la tendresse… qu’en s’enracinant dans Celui qui est Générosité, Bonté, Créativité, Tendresse…
On l’aura compris, les valeurs spirituelles viennent soutenir les valeurs familiales et éclairer les valeurs sociales. C’est comme l’eau qui vient féconder les racines d’un arbre qui ne demande qu’à grandir et à s’épanouir.
- 2. Valeurs familiales
La Sainte Famille se présente comme un microcosme des valeurs à développer et à intégrer. Si Dieu, par son Fils, a voulu naître dans une famille humaine, c’est qu’Il a voulu en révéler les dimensions spirituelles et humaines. La famille étant la première cellule dans laquelle nous évoluons, on peut en dégager quelques éléments importants.
Une atmosphère de tendresse : on sait tous qu’un enfant qui n’a pas été suffisamment aimé est un enfant déséquilibré et qui verse dans la maladie ou la violence. On sait aussi que si on ne se sent pas aimé ‘quelque part’, on perd ses repères et la confiance en soi. La tendresse est comme cette huile qui rend les aliments délicieux et sait donner du goût à la vie. Bonté, humilité, douceur, patience, pardon… en découlent naturellement.
Une atmosphère de créativité : la famille n’est pas un carcan qui reproduit le passé ou qui s’attache aux seules traditions. Elle devrait poser son regard sur le passé (généalogie, patrimoine, tradition…) pour mieux comprendre son présent et regarder l’avenir. Enracinée dans une histoire, elle a de l’avenir et saura harmoniser tradition et créativité.
Une atmosphère de liberté : on fonde une famille et on met des enfants au monde non pas pour s’enfermer dans un cocon douillet ou pour s’approprier ses enfants mais pour contribuer à la construction de notre humanité et embellir la création. Quoi de plus beau que de laisser les ‘oisillons’ s’envoler et d’applaudir à leur liberté créative et bienheureuse ?
- 3. Conclusion : l’amour au cœur de la vie !
Jésus a trouvé son équilibre humain au sein de la famille de Nazareth. Joseph et Marie, par leur tendresse et leur vie de couple, ont réussi à faire de lui un homme sain et généreux.
Jésus a trouvé son équilibre spirituel au sein de sa famille de Nazareth. Joseph a été le modèle qui l’a conduit vers son Père. Marie a été la mémoire et la main tendue qui l’ont porté à comprendre et accomplir sa mission prophétique. Quel bonheur qu’un couple ait pu ‘former’ le Fils de Dieu !
P. Francis