CAREME 1 A

Au-delà des tentations, la grâce

(Mat 4, 1-11)

Avec toute l’Eglise, nous entrons dans cette période de carême avec courage et conviction. Le carême est un temps de grâce qui nous conduit vers Pâques et nous prépare à accueillir la joie de la Résurrection. 40 jours de pénitence mais 40 jours de profonde joie d’être chrétien et de participer à la vie nouvelle en Christ. Nous sommes invites à un chemin de catéchuménat, un retour sur la beauté de notre baptême et un engagement à le vivre en toute sincérité et profondeur. Le carême est «le lieu d’apprentissage indispensable de la foi et de la vie chrétienne » (Benoit XVI). Certains seront baptisés la nuit de Pâques et la majorité renouvellera ses promesses baptismales : toute l’Eglise s’unit à son Sauveur et participe de la grâce et de l’amour trinitaire. Si le baptême est le lieu du pardon, de notre salut et de la grâce, le sacrement de pénitence (la confession ou réconciliation) est le lieu du renouveau et de la purification. C’est une grâce pour nous que de vivre ce carême de tout notre cœur et d’en recevoir les bienfaits spirituels. Suivons Jésus sur la voie de la sainteté qui aboutit dans le cœur du Père par la force de l’Esprit Saint. Expérience personnelle mais aussi communautaire, nous entreprenons ensemble ce cheminement sur le chemin de la vie.

  1. 1. Appelés à la liberté.

Nous sommes sollicités de toute part et nous fléchissons souvent devant les tentations mondaines. Il nous semble de vivre ‘à fond’ en participant de l’expérience commune et en nous engageant dans toutes sortes de situations. S’il est légitime de participer à l’ébullition du monde par notre réflexion et notre recherche, tout n’est pas à considérer de la même façon. Le recul, enraciné dans une spiritualité profonde et vécue, nous permet de faire la part des choses et de séparer « le bon grain de l’ivraie ». Nous risquons d’être entraînés sur des chemins indésirables qui nous laissent un goût d’amertume et d’insatisfaction. Le carême remet les choses en place !

Liberté dans l’avoir : submergés de propositions, nous créons des besoins. Si tout peut être utile, tout n’est pas nécessaire. Nous comblons le vide intérieur par des choses extérieures et comme les choses évoluent vite et ne satisfont pas nos besoins réels, nous courons vers d’autres choses et cette course est sans fin. Nous donnons à nos enfants plus qu’ils n’ont besoin alors que le nécessaire, donné avec amour, est suffisant. Sachons donc mettre des valeurs spirituelles et morales là où nous les remplaçons par une matérialité contingente. Jésus nous propose de prendre conscience de notre valeur d’homme/de femme et de développer ce qui fait la grandeur de l’être. La Parole de Dieu est nourriture pour les cœurs en attente de vérité et en recherche d’amour. Notre baptême nous a libérés des liens qui nous tiennent en esclavage.

Liberté dans le pouvoir : vivant dans des sociétés complexes, nous nous efforçons de dominer. Nous recherchons des positions de force et de supériorité. Nous pensons qu’en écrasant, nous serons valorisés. S’il est vrai que chacun doit trouver sa place et qu’une place d’autorité peut favoriser le bien et le beau, il n’en reste pas moins que la tentation à dominer est forte et qu’elle grise nos appétits. Sachons donc insuffler la justice et la paix, le respect et le droit, la vérité et l’équilibre dans nos situations d’autorité. Jésus nous propose de prendre conscience de nos valeurs communes et de notre fraternité. Lui, le Fils de Dieu, s’est fait le serviteur. « Adorer Dieu seul » remet en place nos identités. Le baptême nous a libérés de nos illusions et nous a donné l’amour à vivre dans le service.

Liberté dans le religieux : on pense quelque fois qu’avoir de la religion suffit à vivre des valeurs. Le religieux est la voie qui mène au spirituel et au cœur-à-cœur avec Dieu. Il ne remplace pas l’expérience directe et la relation qui aboutit à la communion. On peut s’enfermer dans l’illusion d’être ‘en règle’ et oublier que les gestes religieux doivent exprimer les convictions profondes. Il y a toujours un risque d’idolâtrie ou de rébellion dans nos sentiments religieux. Jésus nous propose de prendre conscience de notre relation particulière avec le Père et nous en donne les moyens par l’Esprit. Le baptême nous a libérés des chaines de la religion mal comprise pour nous introduire dans une relation d’amour avec la Trinité.

  1. 2. Les trois conseils de Jésus (Mat 6, 1-6, 16-18)

Le combat du carême est un combat spirituel qui mène à la paix en Dieu. C’est un temps de conversion et de prière qui veut rééquilibrer notre relation à Dieu et aux autres, par trop endormie ou esquivée. Le rythme de nos vies prend aujourd’hui un nouveau tempo pour donner du temps à ce que nous considérons comme important. Jésus propose 3 voies :

Prier : revenons au Seigneur dans la prière. Non pas des prières multipliées ou rabâchées mais une relation filiale dans l’amour. ‘Pour moi, la prière, c’est l’élan du cœur, c’est un simple regard jeté vers le Ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie’ disait St Thérèse de l’Enfant Jésus (Lisieux).

Jeûner : revenons au Seigneur par le jeûne. Cet ‘exercice’ est de retour et prend de plus en plus d’importance. Il s’agit de contrôler son corps et ses appétits, son esprit et ses divagations, sa pratique et ses excès. Le jeûne de nourriture (de viande le vendredi ou d’autre aliment les autres jours) ou de tout autre chose qui a pris trop de place dans ma vie (boissons, tabac, jeux, internet, TV, sorties, clubs, sport…) est un rééquilibrage et un retour à la modération.

Partager : revenons au Seigneur par le don. Ouvrir son cœur et ses mains à l’autre est un chemin pour trouver Dieu, qui a fait de tous les baptisés sont temple. Donner lutte contre la possession et l’égoïsme. Savoir recevoir lutte contre l’orgueil et la suffisance. Faire la ‘charité’ est un devoir chrétien qui s’enracine dans l’amour des autres et l’amour de Dieu. On a tous quelque chose à donner : argent, temps, conseils, sourire…  tant que cela vient du cœur pour être agréé de Dieu !

  1. 3. Conclusion : vivre notre baptême dans l’amour

Concluons avec Benoît XVI (Message  pour le carême 2011):

‘Le combat victorieux de Jésus contre les tentations, qui inaugure le temps de sa mission, est un appel à prendre conscience de notre fragilité pour accueillir la grâce qui nous libère du péché et qui nous fortifie d’une façon nouvelle dans le Christ, chemin, vérité et vie’

‘C’est une invitation pressante à nous rappeler, à l’exemple du Christ et en union avec lui, que la foi chrétienne implique une lutte contre les «Puissances de ce monde de ténèbres» (Ep 6,12)’

Retrouvons alors le chemin de notre baptême avec espérance et conviction dans l’amour.

P. Francis

 

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