« Nous avons vu le Seigneur ! »
(Jean 20, 19-31)
Le Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! : Ce cri de joie résonne depuis deux mil ans dans le cœur des croyants de tout horizon. Il perce la nuit de nos doutes et de nos peurs pour rejoindre la certitude d’une présence. Il transcende toutes les époques pour illuminer la vie de tout homme ouvert à l’inattendu et à la nouveauté d’un Dieu qui se laisse percevoir dans toute sa beauté et sa grandeur. Pâques est un cri de victoire : celui du Christ qui jaillit du tombeau, celui du Père qui relève son Fils unique dans l’amour, celui de l’Esprit Saint qui se repend dans les cœurs assoiffés. C’est aussi notre cri de jubilation dans l’Esprit qui nous ouvre les portes du Ciel et donc de la connaissance et de l’amour infini de la Trinité Sainte. Cette victoire nous emporte dans les bras du Père par la croix du Fils et le souffle de l’Esprit ! Nous sommes aimés d’un amour qui nous dépasse et fait de nous des humains dans la filiation reçue, d’un amour qui se donne et se reçoit, d’un amour miséricordieux qui enflamme nos petitesses et nos péchés pour créer un chemin purifié et favoriser la rencontre. Le jardin, fermé par notre orgueil (Gn 3), est ouvert désormais à la communion. Nous est fait don de la grâce divine, celle de devenir un en Christ dans la vie trinitaire. Nous est donné d’annoncer la miséricorde divine, celle qui relève et porte notre humanité au cœur de la divinité.
- 1. Pâques : un don !
L’épisode de Thomas est bien connu (Jean 20, 19). Il est comme un exemple de nos incertitudes et de nos compromis. Il révèle aussi la difficulté de la raison à se dépasser et à entrer dans la logique divine. Nous voulons voir, toucher, vérifier, prouver… Alors que les hommes du passé vivaient dans la simplicité du sacré et de l’intuition du divin, nous sommes à l’ère du rationalisme et de la science. Nous compliquons plus que nous ne simplifions mais nous devons pourtant recevoir la Bonne Nouvelle et l’annoncer dans cette réalité-là, sans rêver du passé ou d’un autre monde. Jésus aide Thomas à se laisser surprendre et à sortir de ses catégories. Il l’aide à utiliser ses catégories non pas contre mais en faveur de. Thomas est alors invité à la profession de foi. Il sera un témoin du Ressuscité jusqu’aux confins de l’Inde. Ce don reçu, cette joie trouvée, cet amour reconnu doivent se partager. C’est aussi une condition de leur croissance.
Le don de la vie : par la Résurrection, nous recevons la vie. Une vie nouvelle, renouvelée, transformée… une vie qui jaillit du dedans pour se répandre dans tous les domaines de notre existence. Nous ne sommes pas cloisonnés en ‘secteurs réservés’, nous sommes un tout équilibré et harmonieux. Le péché divise, l’amour unifie. La vie divine nous ramène à cet équilibre humain qui devient participation, par le Christ, à l’équilibre et à l’harmonie divine. La vie nous est donnée maintenant, source de vie éternelle. De fait, notre participation à la victoire du Christ nous donne la vie éternelle, la vie en Dieu.
Le don de la paix : par la Résurrection, nous recevons la paix. Il est étonnant que Jésus ressuscité salue ses disciples en leur souhaitant la paix. Il donne cette paix nécessaire aux relations paisibles et pacifiques entre les hommes mais aussi entre l’homme et Dieu. La paix est un signe de la présence divine et de l’unité de la communauté. Elle s’établit sur le respect et l’amour mutuel. N’est-ce pas une participation à la paix divine et harmonieuse entre les Personnes Divines ? Une paix qui préserve l’égalité et la communion ? La paix nous est donnée maintenant, source de paix éternelle !
Le don de la grâce : par la Résurrection, nous recevons la grâce. Elle vient surélever nos vies trop tirées vers le bas et la médiocrité, vers la paresse et parfois le péché. Elle vient donner vigueur et énergie à nos vies ternes et ennuyantes. La grâce est participation à la présence divine, elle est cette présence divine dans nos existences ouvertes à l’infini. La grâce nous est donnée maintenant, source de la grâce éternelle dans l’amour !
Le don de la communion : par la Résurrection, nous recevons la communion. La vie, la paix, la grâce sont des participations à la communion en Dieu. Communion véritable entre nous et communion réelle avec Dieu ! Communion eucharistique et communion dans l’amour ! Alors qu’on voulait ravir les prérogatives divines, elles nous sont accordées gratuitement, dans l’amour mutuel. La communion nous est donnée, source de communion éternelle en la Trinité Sainte !
- 2. Pâques : une annonce !
La joie de la Résurrection nous pousse à l’annoncer. Les Apôtres et les disciples n’ont pu se taire. Il y a un lien évident entre la foi et son annonce, entre l’expérience spirituelle et son partage, entre l’amour reçu et l’amour à donner. On ne peut garder en soi une nouvelle aussi brulante et exaltante. Voyons dans l’Evangile comme la nouvelle est immédiatement communiquée, verbalisée, partagée. Il y a un impératif, non pas prosélyte, mais spirituel : la Bonne Nouvelle se partage pour grandir et faire grandir l’humanité dans l’amour et sa vocation à la filiation divine. Mais annoncer quoi ?
Annoncer la Résurrection : l’annonce concerne Jésus, le crucifié, que Dieu a ressuscité. Cette annonce n’était pas plus facile avant que maintenant. Elle va droit au cœur de la foi chrétienne. Elle n’a de preuve que notre accueil des témoins et notre acceptation formelle et existentielle. La Résurrection est le centre et la raison du christianisme. Elle dépasse nos institutions et notre religiosité : elle donne sens à tout !
Annoncer notre futur en Dieu : l’annonce concerne Dieu, l’Unique qui se révèle Trinité dans l’amour. La Résurrection affirme la divinité du Christ et donc la communion, la communication, le partage en Dieu lui-même. A cette révélation se joint la possibilité de partager la vie trinitaire. La communion est notre ‘milieu de vie’, maintenant et pour l’éternité. Ce que nous appelons ‘les fins dernières’, au-delà de la peur ou de l’inconnu, est une promesse de communion dans l’amour. Cette promesse suppose la liberté et la foi et s’épanouit dans l’amour.
- 3. Conclusion : la Miséricorde Divine
Thomas ne veut pas croire sans toucher : il aura ce privilège de toucher Jésus ressuscité et de trouver la foi. Nous sommes heureux de croire sans voir mais sur le témoignage des Apôtres. Nous ‘touchons’ le Ressuscité à chaque Eucharistie et dans les pauvres, dans la foi et l’amour.
Thomas reconnaît Jésus comme son « Seigneur et Dieu » : il voit enfin la vérité et se plonge dans le mystère de Jésus. Nous ‘voyons’ aussi le Christ comme notre Dieu et Seigneur dans la foi et l’amour. Sa Résurrection est la pleine et définitive expression de la Miséricorde Divine.
BONNES PÂQUES